Quand j’étais en classe de 4ème au collège de Saint Jean D’Aulps, près de Morzine, je ne faisais rien et je m’enfonçais dangereusement. Peut-être n’etais-je pas motivé, juste ennuyé et indifférent aux professeurs et aux matières qui m'y étaient enseignées. Très vite, mes résultats scolaires sont passés de bons à catastrophiques, au point qu'aller à l'école était devenu source d’angoisse profonde, constante et quotidienne.
Un jour de mai ou juin 1961, alors que j'étais assis dans le bus scolaire à côté de Marcel Losserand, un copain qui était en 5ème, celui-ci m'annonçait qu'il allait se présenter au concours d'entrée de l’École Nationale d'Horlogerie de Cluses. Étant donné que je cherchais désespérément à me sortir de ce collège et que le fonctionnement interne des horloges et des montres m’avait toujours intrigué, je considérais cette occasion comme une solution parfaite à mes problèmes.
Marcel et moi passions alors l'examen et là, je réussissait alors que Marcel était recalé. Alors, sans ce copain, je me retrouvais au pensionnat de Cluses en septembre. J'ai vite découvert que cet endroit était un véritable enfer. La discipline y était dure, nous ne pouvions pas porter de jeans, juste une longue blouse grise terne, et nous devions porter un uniforme de type militaire lorsque nous quittions le périmètre de l'école.
Il fallait également travailler très dur (40 heures de cours par semaine, plus de longues heures d’étude), faire face à diverses punitions cruelles qui nous étaient infligées, ainsi qu'à un bizutage généralisé administré généreusement par les étudiants plus âgés.Au début, je devais rentrer à la maison (à 30 kilomètres de là) toutes les deux semaines et les week-ends dans l'enceinte de l'école étaient horribles. C'est pourquoi j'ai intitulé ce blog le goulag de Cluses. Aujourd’hui, certaines personnes placées dans des camps de délinquants témoigneront du bien que cela leur a fait, tandis que d’autres détestent ces institutions.
Pour moi, ce fut une véritable planche de salut, car cela m'a enfin appris l'ordre, la discipline et l'organisation qui m'ont si bien servi au long de ma vie. Malgré toutes ces souffrances, je dois reconnaître que cette vénérable institution Clusienne a énormément contribué à ma réussite professionnelle !
Juste comme le philosophe allemand Friedrich Nietzsche l'avait si bien dit en 1888 : « À l'école de guerre de la vie, ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »
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