dimanche, décembre 20, 1998

L'Euro, une simple étape dans le processus de globalisation

La question était posée ainsi sur le forum du journal Libération: "Selon vous, la monnaie unique est-elle une formidable opportunité pour les pays concernés, ou bien la perte de souverainté en matière monétaire, la nécessité de concilier des économies différentes, l'abandon des instruments de base des politiques économiques nationales font-ils courir un risque élevé aux pays de l'U.E. ?"

Ma réponse: L'Euro, une simple étape dans le processus de globalisation
La mondialisation est un comme un train en marche; plus rien ne peut l'arreter.
Le phenomêne a commencé avec les Beatles et le rock-and-roll, a continué avec CNN et la télévision par satellite et aujourd'hui est en train de faire tache d'huile grâce à l'internet. La mondialisation est inéluctable et le passage à l'Euro n'en est qu'un épisode mineur.
Sans parler de la rationalisation et des économies d'échelles que cette nouvelle monaie va apporter a chacun des pays de l'Union Européenne, son avènement va soudainement soustraire l'influence dangereuse des gouvernements sur la politique monétaire et va amener une plus grande discipline qui bénéficiera toutes les économies concernées…
Aujourd'hui, la question n'est plus de s'interroger sur la viabilité de l'Euro, mais plutôt sur ses chances de devenir la monnaie supra-nationale que nous pourrions bien voir apparaitre dans ces 25 prochaines années…
Un effet très peu discuté de l'Euro, va pouvoir assez vite s'observer en matière de narco-trafic, de blanchissage de fonds ou de tout autre activité illicite pour lesquelles la monnaie de choix était jusqu'alors le dollar. Si l'on sait qu'un million de dollars en coupures de $100 remplissent une petite valise, le même montant en coupures de 500 Euros pourras être désormais contenu dans une serviette; cela veut dire que l'Euro pourrait très vite supplanter le dollars pour toutes les transactions à caractère criminelles ou pour le "stockage" d'argent liquide…

samedi, décembre 05, 1998

Mais où sont les courses d'antan?

Le passage annuel de la Coupe du Monde de ski alpin à Park City a inspiré cet article. Fin Novembre, j'ai eu l'occasion d'assister aux quatre épreuves qui s'y déroulaient et à la belle victoire de Pierrick Bourgeat en Slalom.
Cela m'a aussi permit de constater la désaffection dont souffre le ski en matière de spectateurs. Grande passion de ma vie, le ski n'a jamais cessé de m'attirer. Enfant, j'admirais les prouesses du "cirque blanc" et de l'Équipe de France.
Mes souvenirs remontent à la parade organisée en l'honneur de la victoire Olympique de Jean Vuarnet et aux victoires d'Adrien Duvillard et Guy Périllat à une époque où les Autrichiens dominaient déjà le sport. Ensuite il y a eu l'apothéose des années Killy pendant lesquelles Honoré Bonnet et son Équipe remettaient les pendules à l'heure. Sans sombrer dans la nostalgie, ces années ont étés parmi les plus fortes de ma jeunesse. Ce n'est donc pas par hasard si je devais par la suite consacrer ma vie professionelle aux métiers de la neige. Aujourd'hui, j'essaie de comprendre pourquoi le ski de compétition a perdu son attrait d'autrefois.
Dans une prochaine édition de cette lettre, je proposerai des solutions visant à raviver l'intérêt pour ce sport de compétition en particulier, et pour les autres sports d'hiver en général. En analysant le statut du ski de compétition, il parait indéniable qu'au fil des années, les mesures "d'aseptisation" et de "sécurisation" apportées à la descente, épreuve reine de ce sport, ont eut raison des cotés naturels et dangereux qui faisait l'attrait de cette discipline. Le vol plané de Maier à Nagano en est une indication. Aujourd'hui, le monde a oublié Crétier et sa médaille d'or, mais l'envolée de "l'Herminator" restera à jamais gravée dans la mémoire des connaisseurs.
Je me souviens de la descente de Nyon, de celle de la Vaineuve à Morzine-Avoriaz, ou encore de la Verte aux Houches qui étaient toutes effrayantes. En ce temps, la vitesse n'était qu'une composante de l'épreuve; le reste était fait d'incertitudes, de risque et de pur courage. Entre l'étroitesse de ces rubans de vitesse, leurs reliefs naturels déstabilisants, les transitions brutales entre lumière aveuglante et obscurité totale dans les goulets ombragés, il n'y avait pas de place pour du pilotage automatique.
Les pistes de Val Gardena et de Schladming devaient changer tout cela... Peu après, l'épreuve superflue du Super-G était ajoutée pour combler l'ennui de ces descentes. Des tracés signés par Russi apparurent lors des dernières Olympiades en vue de recréer les difficultés techniques du passé mais le caractère authentique des parcours naturels ne pouvait pas être restauré. Si le slalom géant à un peu moins souffert de cette évolution, le slalom en fut l'autre victime avec l'avènement des piquets escamotables qui devaient "robotiser" l'apparence de cette discipline.
Les perfectionnemments apportés à la préparation des pistes ont crées des surfaces uniformes et des qualités de neige presque parfaites réduisant ainsi les hasards liés aux choix d'une ligne de course et ont ainsi homogénéisés le style des coureurs. Au fil des ans, l'accummulation de ces changement a "emasculé" le sport et a amenuisé les différences de styles qu'un spectateur pouvaient autrefois apprécier à l'oeil nu. Aujourd'hui, les skieurs se ressemblent tous; leur style est stéreotypé et les différences de technique sont à peine visibles... Sur cette base, il n'est guère étonnant que les amateurs de ski aient désertés les aires d'arrivées et les postes de télé, non seulement en Amérique, mais aussi en Europe. Je me souviens des 40.000 spectateurs venus voir se disputer la finale de la Coupe du Monde entre Thoeni, Stenmark et Klammer en 1975. Cette ambiance euphorique et passionée a aujourd'hui disparu.
Certes, le spectacle que propose la Fédération Internationale de Ski (FIS) n'est pas vraiment télégénique et n'avait jamais été conçu pour être cadré dans un petit écran. Bob Beattie et Honoré Bonnet avaient saisit le problème lorsqu'ils avaient tenté d'introduire le slalom parallèle. Le concept était bon mais les dinosaures en tête de la FIS n'ont guère permit à cette formule d'évoluer. Pour plaire, un sport doit être mis en scène autour de ce même petit écran; à l'inverse, il est difficile de "bricoler" une épreuve sportive pour l'adapter à la télévision. À force de parfaire les conditions de course et d'ignorer les recettes utilisées dans les sports-spectacles que sont le football américain ou le basketball professionel, la FIS a fait mourrir le ski à petit feu. Le deuxième élément de ma réflection aborde les changements d'attitudes du monde du ski de compétition et de son public.
On dit qu'un poisson pourrit par par la tête; de même, la médiatisation du sports a eu des retombées néfastes, d'abord sur les officiels, puis les entraineurs et enfin les athlètes. Tous ont pris la grosse tête et ont confondu l'échelle mondiale du ski avec sa petite audience liée à une participation globale très limitée: Le ski ne sera jamais le foot, le golf ou même la Formule Un. Les resources disponibles pour la promotion du ski restent minuscules. Il me semble donc qu'un sport doit conserver sa modestie et sa convivialité pour rester en prise avec son public et s'assurer de son soutient. Il existe un abîme entre Hermann Maier et Michael Jordan...
L'autre point de vue que je voudrais aborder est celui du spectateur. Depuis 1960 les distractions qui nous sont proposées se sont multipliées à l'infini. Hollywood, qui est devenu le nouveau maître spirituel du monde, fabrique désormais des produits parfaitement conçus pour la distraction des masses. Les ternes jours d'hiver n'ont plus nécessairement besoin d'une course de ski pour les animer.
Avec la prolifération des chaînes télévisées, l'exotisme est au bout des doigts, ou plutôt du clavier de télécommande. La vidéo, la musique numérique, les jeux électronique ou l'internet sont autant d'options construites sur mesure pour consommer les longs après-midis d'hiver. Ces trente dernières années ont vu la naissance d'une nouvelle race de spectateurs qui demandent d'avantage que d'assister -- dans le froid – à un defilé de skieurs qui se ressemblent tous. Après les moutons, aurions nous enfin réussit à cloner nos coureurs?

jeudi, novembre 05, 1998

L'Accent Étranger

Petit garçon, je passais beaucoup de temps en compagnie des ouvriers de chantier qui construisaient la route des Lindarets ou des bûcherons avec qui je partageais les plats de pâtes à la sauce tomate, et qui m'apprenaient le "Bel Canto" dans la maison de nos voisins, les Muffats. Ils venaient d'un autre pays, parlait avec un fort accent, ils étaient Italiens. Déjà, ils faisaient un travail dont bon nombre de Français ne voulaient pas. Un peu plus tard, alors que la vallée de Morzine se développait économiquement, Espagnols et Portugais remplacèrent les Italiens. Nous étions déjà aux États-Unis lorsque ce fût le tour des Turcs.

Avoir un accent et se trouver en pays étranger est un sujet fascinant. Peut-être savez vous que passé l'âge de treize ans, l'accent ne se perd plus. Ceci s'explique en partie par le fait que les cordes vocales sont formées et perdent de leur adaptabilité. Bien sûr, si l'on a correctement apprit une seconde langue avant cet âge, il est possible de la parler parfaitement, sans le moindre accent. Au fil des années, les États-Unis - un pays d'accueil par vocation - ont intégrés une grande varieté d'immigrants. Nous sommes donc habitués à y entendre de nombreux accents. Bien que le groupe d'immigrants le plus important soit de langue espagnole, il existe de nombreux Coréens, Vietnamiens, Haïtiens ou Slaves qui se sont fixés en Amérique ces dernières années.

Comment réagissent les Américains lorsqu'ils entendent un accent étranger? Tout dépend de son origine. L'accent Britanique, s'il provient de l'élite sociale, fait toujours très distingué. L'accent Allemand a un coté scientifique et érudit qui n'est pas sans rappeller des personalités comme Freud, Einstein et plus récemment, Henry Kissinger. L'accent Italien reste teinté par l'importante population d'origine transalpine qui peuple la côte Est des Etats-Unis et rappelle le caractère un peu trouble des mafiosi, sauf si le personnage s'appelle Pavarotti. L'accent Français, me demanderez-vous? J'allais y venir. Si votre nom est Catherine Deneuve et si vous vendez du parfum, l'accent passe très bien. Si vous êtes un chef de cuisine, cela vous rend plus crédible. Pour le reste, l'accent Français demeure perçu comme un trait charmant, mais peu sérieux. Le stéréotype du Français aux États-Unis est celui d'un individu assez libertin qui aime aussi bien boire, fumer, et qui, avant tout, adore bien vivre.

Que se passe-t'il alors lorsque l'on émigre et s'installe dans un pays anglo-saxon? La réponse est d'une brutalité simple: On vous attend au tournant; le tapis rouge est une chose à laquelle on rêve mais qui n'existe pas vraiment. Faire sa place au soleil avec un accent demande donc des talents uniques ou une volonté de travailler plus vite et mieux que les autres. De plus, l'apprentissage de la langue reste un obstacle continuel; il ne se passe pas un jour sans que j'apprenne un élément nouveau d'anglais. Dans n'importe quelle deuxième langue, les automatismes exigent un effort et une attention constante. Bien parler – comme bien écrire - est un art difficile, et il n'est pas rare que quelqu'un rie, me reprenne, ou ne comprenne pas ma façon de prononcer certains mots. Bien que cela m'irrite, je ne désespère pas et continue de "m'accrocher".

Une chose est très claire: Les Américains remarquent l'accent étranger et ne manquent jamais de demander d'une manière que je trouve assez pénible: "D'ou venez vous?." Je rétorque: "Devinez?" Les réponses peuvent surprendre: "vous êtes Suédois," ou "vous venez de Russie," ou encore "de Slovénie." Leurs questions sont un peu une façon de dire "Qu'êtes vous venus faire ici?" et peuvent dénoter une certaine hostilité si vous n'êtes pas juste de passage…Aujourd'hui il est à la mode de dénoncer les différences salariales entre hommes et femmes; de même, je pense qu'il existe une différence de niveau de vie attribuable à la présence d'un accent étranger. Pensez un instant aux personnes que vous connaissez et qui ont un accent Espagnol, Portugais ou Turc; intuitivement, je pense que leurs revenus sont affectés par leur accent. Ces personnes compensent en économisant un peu plus et en faisant d'avantage de sacrifices que le reste de la population.

Le fait que j'ai un accent m'a t'il géné? Sans doute. Un accent colle un label "étranger" à la peau; on se méfie toujours d'un étranger et il convient alors de faire plus pour prouver sa vraie valeur. Aux État-Unis on dit: "vos différences vous rendent 'unique', n'en faites surtout pas un complexe". Facile à dire, dans un monde ou chacun se bat pour être accepté et intégré! Lorsque j'étais petit, quelqu'un qui n'était pas né à Montriond était un "étranger"; dès lors, est-on prêt a laisser celui ou celle qui parle avec un accent Turc devenir le maire de la commune?

Si la vie d'immigré est si difficile, peut-être devrais-je rentrer en France? Et bien non; le défi que représente la vie outre-Atlantique me stimule énormément et compense les quelques vexations occasionnées par mon accent Français. De plus, l'insertion d'un étranger se fait bien plus facilement aux États-Unis qu'en Europe du fait que nous sommes principalement une nation d'immigrants. J'assume donc toute responsabilité pour me trouver ici et veux maintenant parler de ceux qui bénéficient le plus: Les enfants d'immigrés. En effet, ceux-ci ont, d'un seul coup, deux cultures à leur disposition et ont aussi d'une manière indirecte beaucoup appris de l'adversité et des difficultés d'insertion qu'ont connus leur parents. Ils en sont donc beaucoup plus forts. Ces enfants d'immigrants sont désormais "trempés", solidement armés et fortement motivés pour réussir et dépasser tous les écueils rencontrés par leurs parents; de plus, leur accent n'est plus étranger!

lundi, octobre 05, 1998

Bill & Monica

Ce mois, Bill Clinton et sa stagière ont fait couler autant d'encre que de salive. Le "dérapage" de notre président est une affaire qui le regarde. Ce qui est cependant discutable est que ses écarts se soient produits pendant le travail et dans l'enceinte du bureau le plus en vue du monde. En Amérique, n'importe quel dirigeant de société aurait été immédiatement limogé pour ce genre de conduite. L'autre élément lassant est l'aspect chronique des "escapades" présidentielles et des explications les justifiant.
Depuis 1991, Bill Clinton n'a cessé de mentir et, ce faisant, s'est bien moqué de ses constituants. Le mensonge déclanche toujours un processus irréversible de défiance. Alors que la confiance se gagne lentement, elle s'évapore en un instant sous l'effet du mensonge. De plus, en s'accrochant égoïstement au pouvoir, Clinton est en passe de détruire les chances de succès de son propre parti, à près d'un mois d'importantes élections législatives. Les médias nous disent que de nombreux Européens rient de ce veaudeville; c'est naturel, les histoires salaces, lorsqu'elles arrivent aux autres, sont toujours amusantes!
Il y a deux mois, alors qu'il se trouvait à l'apogée de son mandat avec une économie en pleine forme, Bill Clinton avait une occasion en or de démissioner et de partir sur un coup d'éclat. Il lui aurait été alors facile de blâmer la cabale fomentée par les républicains pour entrainer sa chûte; un certain doute aurait peut-être subsisté, mais l'étalage de linge sale occasionné par la publication du rapport Starr aurait été épargné.
Bien que je pense que les républicains sont derrière ce scandale, Bill Clinton a commit l'erreur de mordre à leur hameçon. Le pouvoir à haut niveau réclame une intelligence et une rigueur qui vont de pair avec les pièges qui jonchent le chemin. Que se serait-il passé si Monica avait été une Mata-Hari des temps modernes? Cette conduite risquée exigait l'adresse et l'instinct qui n'ont jamais habité l'esprit arrogant de Bill Clinton. C'est regrettable.
Dans un monde si médiatisé, le président des Etats Unis devrait servir d'exemple à ses citoyens et au monde entier. C'était au delà des pulsions de Clinton! Démissioner serait une mesure de courage et d'honneur; mais il s'agit peut-être là de mots désormais tombés en désuétude.