mardi, août 24, 2021

Un premier tour du monde, 43e partie

Je n'avais jamais vécu dans un pays anglophone avant mon arrivée en Australie et pendant les 8 ans où j'ai appris la langue à l'école, aucun de mes professeurs n'était de langue maternelle anglaise. 

Avant l’armée j’avais déjà pris contact avec Jim McConkey, directeur de l’école de ski de Whistler pour aller y enseigner, sans diplôme, mais en donnant l’assurance que j’étais particulièrement bon en « poudreuse ». J’avais alors compris l’importance qu'aurait l’anglais sur mon futur. J’étais fin prêt à boucler mes valises pour la Colombie Britannique, mais le service militaire était sur mes talons et a mit le grappin sur moi. 

J'ai donc passé mes 16 mois d’armée de l’air, à parfaire mes connaissances dans la langue de Shakespeare, au moyen de la fameuse « Méthode Assimil », bien connue des français. Cela qui m'a donné une bonne longueur d'avance lorsque j'ai commencé à enseigner le ski à des clients anglophones (principalement américains) pendant mes deux premières années de monitorat à Avoriaz. 

En route vers l'Australie sur le bateau, j'ai également eu la chance de bénéficier de cours « en immersion totale » pendant au moins 40 jours pour étudier la langue australienne, et me trouver ainsi parfaitement préparé à bien affronter la communication le premier jour où j'ai enseigné à Mt. Buller, mis à part bien sûr, un vocabulaire de ski qui lassait encore bien à désirer. 

Tout de suite j’avais remarqué que mes bâtons s’appelaient des « stocks », pas des « poles » et que la location de skis Molony’s en bas de l’école de ski était un « ski hire », pas un « ski rentals ». Depuis, bien que j’en sois maintenant à ma 45e année d'anglais américain, je dois toujours bien prêter l’oreille pour comprendre les australiens qui m’adressent la parole. 

Mais mon dieu, pourquoi parlent-ils si bizarrement ? Il y a beaucoup de théories à ce sujet. L'une est qu'en raison de l’abondance des mouches dans leur pays, les Australiens s’efforcent de parler avec la bouche aussi fermée que possible, expliquant ainsi les grognements et les mots abréviés qu’on entend aujourd'hui. 

Une autre théorie est que tous ces condamnés qu’on avait déporté la-bas, étaient ivres la plupart du temps, et ont tellement rogné leurs mots que cela a donné cette impression de bafouillement éthylique quand ils parlent. 

La version scientifique est que l'anglais australien a commencé à se séparer de l'anglais britannique et irlandais après la fondation des Nouvelle-Galles du Sud en 1788. L'anglais australien serait donc issu d'un mélange de la façon de parler des premiers colons venus des diverses régions de Grande-Bretagne et d'Irlande. 

Dans les années 1820, le nouveau dialecte était devenu tout à fait distinct du langage parlé dans le vieux monde. L'influence aborigène a aussi eu un impact sur l'australien, principalement au niveau des noms comme dingo, kangourou, boomerang, ou wallaby, qui sont également devenus internationaux. 

D'autres exemples sont le cooee et le yakka dur. Cooee exprime une idée de distance : « if he's within cooee, we'll spot him » (s'il est à cooee, on le verra). « Hard yakka » signifie travail acharné. Le mot « bung » est également d'origine autochtone, de l'anglais petit-nègre de Sydney, qui signifie « mort », et est souvent exprimé pour dire « cassé » ou « inutile ». 

De nombreuses villes ou banlieues d'Australie ont également été nommées après des mots aborigènes. L'exemple le plus connu est la capitale, Canberra, qui en langue Ngunnawal signifiait « lieu de rencontre » que l’on retrouve également dans le nom notoirement célèbre de "Kooroora" à Mt. Buller. 

Bien sûr, il y a aussi toutes ces expressions australiennes typiques, y compris « outback », qui signifie région éloignée et peu peuplée, le « bush », forêt indigène ou campagne en général, et « g'day », une forme familière de salutation. 

La liste complète est bien sûr beaucoup plus importante ; elle remplirait les pages de ce blog et utiliserait tout ce temps que nous n'avons pas … Je suis certain que ces particularités linguistiques font partie de ce nous aimons tous à propos de cette chère « 'Straya », pas vrai ? 


1 commentaire:

monique boyelle a dit…

C’est vrai qu.à ma 1ère arrivée en Australie, en montant de Melbourne à Buller avec John Hilton Wood, je ne comprenais pas un mot de ce qu’il me disait alors que je pensais me débrouiller avec mon anglais d’Oxford !! Ily avait l’accent et aussi la fatigue du long voyage.