Quand je skie, la crainte ne fait généralement jamais partie de l'expérience. Ce n'est pas que je suis d'un courage exemplaire, mais il y a très peu de place pour la peur dans ce sport. Skier exige une bonne condition physique, pas de douleurs insupportables et une concentration totale. Ce dernier élément serait en soi un sujet tout entier, et une parfaite concentration est si importante qu'elle ne peut que remplir tout l'espace mental disponible, ne laissant ainsi aucune place à l'appréhension.
Skier à la fois facilement et bien requiert une certaine vitesse et la peur peut souvent constituer un frein dangereux. Cela ne veut pas dire que je n'ai jamais eu peur au cours de ma vie sur des planches, mais lorsque cela m'est arrive, j'ai toujours remarqué que mes appréhensions n'apparaissaient jamais alors que j'allais vite, mais presque toujours à l'arrêt dans ce que l'on pourrait appeler des situations « statiques. » Laissez-moi vous expliquer; il m'est arrivé à diverses reprises de me faire prendre dans des coulées de de neige lorsque les conditions étaient particulièrement instables. J'étais alors bloqué et craignait de me faire écraser, de me trouver incapable de respirer et de finir par étouffer. Ce genre d'incident stimule instantanément nos instincts claustrophobes et font vraiment peur.
Il y a presque dix ans, je skiait aux Grands Montets, près de Chamonix avec mon neveu Yves et Thomas Chauplannaz, deux jeunes gars trente ans plus jeunes que moi; ils n'avaient rien trouvé mieux que de m'emmener sur une traversée très raide au-dessus de falaises d'où il ne fallait pas tomber. Mes skis étaient trop longs pour les traces profondément ondulées que nous suivions et je me suis senti assez mal à l'aise. J'avais auparavant rencontré des situations similaires alors que j'étais beaucoup plus jeune et me retrouvais au milieu de passages impressionnants et difficiles alors que je tentais de suivre de bien meilleurs skieurs que moi.
Chaque fois que j'ai eu un accident de ski (et j'en ai eu quelques-uns) cela ressemblait à l'accident d'auto classique où tout se passe au ralenti, où l'on reste extrêmement conscient de chaque petit détail et où l'on fait instinctivement ce que l'on sait faire pour atténuer les conséquences de l'impact. À la veille de cette nouvelle saison, je me sens encore en totale confiance et ne vois pas comment la peur pourrait contaminer mon ski. Quand cela arrivera, ma carrière de skieur alpin aura touché à sa fin.
jeudi, décembre 03, 2009
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