La veille au soir, JP et moi avions vaguement envisagé de nous rendre de Perth à Adélaïde, en auto-stop, en laissant ainsi tous nos effets personnels ainis que le matériel de ski de l'équipe sur le bateau.
Nous avions pensé qu'avec la poursuite de la grève du personnel, le navire ne quitterait pas Adélaïde, notre prochain arrêt, avant le 16 juillet, et en consultant une carte assez sommaire, nous avons déduit qu’il devait être possible de rejoindre le Galileo-Galilei à temps et d'embarquer de nouveau avant son départ pour Melbourne, notre destination finale.
Bien qu'il ne nous soit jamais venu à l'esprit que laisser tout notre équipement à bord et tenter un voyage en auto-stop, était extrêmement imprudent, nous avions aussi largement sous-estimé les difficultés que présentait notre itinéraire routier.
Nous emprunterions une partie de la route traversant l’Australie, et qui passait par la fameuse plaine de Nullarbor, d’ouest en est. En 1971, cette route n'était pas entièrement goudronnée et, entre autres particularités, elle comprenait le plus long tronçon rectiligne routier au monde, soient 146,6 km sans le moindre virage entre Caiguna et Balladonia.Au total, nous devions parcourir 3 290 km en moins de six jours. Nous n'avions aucune idée si cela était vraiment possible, et surtout, si nous pouvions trouver suffisamment d'automobilistes disposés à nous emmener, mais nous pensions qu'en voyageant en couples, JP et Gisèle, moi et Helen, nous n'aurions aucun problème à y parvenir.
Nous sommes allés chercher notre indemnité journalière qui se montait à 15 dollars australiens pour chacun de nos trois jours d'arrêt à Perth, et étions maintenant fin prêts à prendre la route. À la dernière minute, cependant, la copine de JP avait changé d'avis et avait décidé de rester sur le navire au lieu de risquer l'auto-stop. Par chance pour moi, Helen n’avait pas hésité.
Nous sommes immédiatement sortis de la zone portuaire et, trente minutes plus tard, nous étions pris en charge par un gros camion australien qui se dirigeait vers l'est sur la route 94. Tout s’est bien passé, notre chauffeur était un type très jovial et environ sept heures plus tard, il nous déposait à Coolgardie, une ancienne localité minière, située à 575 km de Perth.
Il était environ 18 heures et la nuit tombait vite en ce début d'hiver. Assez rapidement, il s’est mis à faire très froid et nous n'avions pas assez de vêtements chauds pour bien nous protéger. Le climat etait typiquement désertique, avec des nuits d’autant plus fraîches que étions désormais en hiver. La circulation s'était rapidement ralentie et aucun véhicule ne s'arrêta pour nous. Progressivement nous nous sommes inquiétés ; plus les heures passaient, plus l'air devenait glacial et il était alors certain que nous passerions la nuit à la belle étoile. De son coté, Jean-Pierre avait réussi à atteindre Norseman, une autre petite ville, située à 165 km plus loin de l'endroit où nous nous trouvions, mais tout comme nous, il se trouvait désormais bloqué pour la nuit ...
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