Récemment, Gérard Brémond, l’unique promoteur immobilier derrière Avoriaz depuis la création de la station, s'est un peu battu avec les autorités locales pour faire démarrer son nouvel hôtel, « Le Téléphérique », qui devrait ouvrir ses portes en décembre 2023.
Si le style de sa station a toujours suscité de nombreux commentaires, bons et mauvais, la plupart d'entre eux ont été plutôt positif, car à bien des égards, l'architecture d'Avoriaz a toujours été considérée innovante et une alternative bienvenue par rapport aux projets résidentiels assez laids développés en vitesse un peu partout ailleurs dans les Alpes françaises.
Au départ, chaque bâtiment était censé « se fondre » parfaitement avec son environnement de falaise accidentée, pour offrir un aspect mimétique et bien distinctif. Au fil des ans, ce projet aura été une source de revenus constants pour Brémond, qui aura 84 ans en septembre prochain et, qui je le suppose, aimerait ajouter encore quelques millions supplémentaires à sa fortune.
C’est pourquoi, afin d’aller plus vite pour que cette manne rentre illico presto, il a viré Jacques Labro, le vieil architecte (86 ans) et son équipe qui étaient à l'origine du style incomparable d'Avoriaz, pour un nouveau styliste, dix ans plus jeune, qui s’appelle Jean Nouvel ; non, il n’a pas 20 ans contrairement à ce que ce nom pourrait évoquer !
Pour répondre à la demande du promoteur, Nouvel, dont l'œuvre comprend quelques bâtiments contemporains en France, en Espagne et en République tchèque, a concocté un espèce de bloc autant horrible qu’uniforme, là où se trouvaient le chalet Delfour et le Petit Vatel. Cet hôtel devrait, selon Gérard Brémond, « Être un projet de grande envergure dont l'architecture doit dialoguer et rompre avec l'environnement ».
C'est certainement le cas, mais c'est moche comme tout (cliquer ici pour voir l'ensemble) et cela paraît destiné à faire des sous tout de suite et par n’importe quel moyen. Bien entendu, il y aurait eu des discussions très animées avec la mairie de Morzine, avant que le permis de construire soit accordé en février dernier, une fois que quelques ardoises de la vallée seraient finalement clouées sur la façade de l'immeuble.Bien sûr, 450 lits « chauds » supplémentaires ne sont pas négligeables pour la municipalité, mais à mon avis, ce bâtiment sans âme est une marche arrière en ce qui concerne son architecture. C’est aussi ce que pensent les propriétaires des autres appartements d'Avoriaz, les « Parisiens » comme on les appelle, qui voient là un manquement grave à l’unité architecturale du site.
De plus, le terrain appartient à la « Société du Crôt aux Chiens », une association alpagiste regroupant un millier d'actionnaires locaux qui va signer un bail de 49 ans avec le promoteur et qui va ainsi se garantir un bon revenu pendant de longues années. Qui pourrait alors laisser passer une si belle occasion de gagner un peu plus d'argent ?
Enfin la position du bâtiment « au bas de l’échelle » d'Avoriaz donne au projet des allures d'ensemble HLM. Mais disons que de nos jours, les logements manquent tellement qu'il faut donc bien loger tout le monde !
4 commentaires:
Ça me désespère !
Quand on regarde le projet sur le site de Pierre et Vacances, il y a de quoi paniquer : une barre d’immeubles en verre et béton qui ferme la vue sur la vallée ! On est bien loin du respect du langage architectural de la station !
Mon père serait bien colère de voir cet hôtel qui détériore l’âme originel de cette station qu’il avait imaginé dès sa création avec davantage de lits chauds donc des hôtels qui devaient impacter sur l’identité du touriste appréciant la qualité, l’originalité, le beau ! Des hôtels et ses touristes attirés par des restaurants et des magasins dignes de cette catégorie de vacanciers. Nous avions cette clientèle dans les années du Festival d’Avoriaz mais depuis tous c’est détérioré avec ces projets ( nouveau club Med,etc…) qui éloigne peu à peu mais irrémédiablement le projet initial et détériore l’ADN d’Avoriaz.
Nous avions tout pour reproduire un Zermatt bis et cette barre de Jean Nouvel fait écho à celles de Flaine ou d’Aime la Plagne. C’est très décevant et pathétique. Dans une certaine mesure, je suis soulagé que mon père ne soit plus là pour voir ce mastodonte qui dévisage la falaise et la place qui porte son nom maintenant
A l'origine , c'était hors lotissement d'Avoriaz donc inconstructible .
Mais Brémont et la Société du Crot ont le bras long .…
Comme certainement tous ceux qui ont aimé Avoriaz pour son architecture,
d'accord 100 % avec Alain Vuarnet.
Je suis absolument opposé à la construction de cet immeuble de
quartier populeux où on loge en France les défavorisés !
On tue l'esprit d'Avoriaz, rupture totale avec ce style Labro
etc...Avoriaz se tire une grosse balle dans le pied !
Comment l'ancienne municipalité a accepté ce projet,la nouvelle n'a pu
que entériner ce projet!
La vue sur Avoriaz de Morzine !
Ils avaient eu le permis avec le [précédent] conseil municipal du maire Berger...la nouvelle équipe du maire Trombert a accepté, mais pour 150 chambres au lieu de 400, de façon à ne pas trop boucher les vues, et ce malgré le désaccord de Pierre Voiron (fils d’Elisabeth Dion) à l’urbanisme, élève de Nouvel, qu’il connaît bien. J’en ai parlé avec lui, mais la mairie, désormais sans être à genoux devant Brémont, a malgré tout accepté à cause des avantages économiques qu’ajouter un nouveau grand hôtel représente. De plus c’est un terrain qui appartient à la Société du Crôt qui est plus agressive que celle du plateau, celle de mes ancêtres, qui s’est fait chouraver tous tous ses droits.
En effet, la Société du Crôt (les rats blancs) vont sûrement gagner pas mal avec cet hôtel.
L’affaire interne est compliquée, mais visiblement, ce bloc, même si il passe pas si mal là où il est, à côté d' une falaise horizontale, n’est plus dans l’idée du départ.
A noter que j’apprécie le nouvel hôtel de Marullaz , qui devrait influencer la mairie, et qui aurait pu tenir compte de cet investissement Morzinois....mais l’équipe Brémont-Famose pèse lourd sur Morzine.
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