lundi, août 24, 2020

Mon frère Gaston, 1940-2020

Au cours des douze dernières années, mon grand frère Gaston a subi le martyr de l’emphysème et nous a finalement quitté ce Samedi, juste à l'aube de ses quatre-vingt ans.

Bien que sept ans mon aîné, Gaston était mon copain et mon mentor, surtout l’été aux Lindarets, où il n'y avait pas d’enfants de mon âge, et pendant mes toutes jeunes années. C'est avec lui que j’ai appris à faire mes premiers pas à ski tout pres de notre maison familliale, sur les skis en frêne que notre père nous avait fait.

Je suis allé à l’école primaire avec lui une seule année, après ça, il rejoint notre père à la fruitière, aidant à la fabrication de la tomme et du beurre. L’été, il devenait berger aux Lindarets, partageant matin et soir la traite avec mon père, en plus des autres travaux.

Quand nous avons eu le restaurant, Gaston faisait les courses dans la vallée le matin et retournait vite en cuisine où il n’avait pas son pareil pour préparer les truites belles meunières ! Quand il n’y eu plus de vaches laitières, il fallu fermer la fruitière. Gaston travailla d’abord au téléphérique du Pléney, damant les pistes au rouleau et coupant les bosses à la pelle sur la piste « H », avant de devenir pisteur-secouriste.

Il m’avait aussi trouvé un premier emploi au Pléney, où je vendais des tickets de remontées aux guichets des téléskis. En 67, le travail de fruitière avait été remplacé par l’hébergement de groupes d'enfants dans la maison familiale. Celle-ci venait d’être agrandie et aménagée à cet effet. Gaston et moi, aidions après les cours de ski.

Au moment du permis, Gaston m’avait patiemment enseigné les rudiments de la conduite sur notre 203 camionnette. Ensemble, nous cueillions les myrtilles en septembre et le reste de l’année, quand j’étais là, je l’aidais dans des travaux d’entretien, de construction, d’abatage du bois en foret ou n’importe quelle tâche difficile qui se présentait.

Depuis toujours, Gaston avait soutenu mon rêve de devenir moniteur. Pendant toute la saison d'hiver, nous regardions religieusement les courses de ski devant la télé que nos parents venaient enfin d'acheter. Nous étions tous deux passionnés de ski, le seul sport que nous connaissions ! Passion que Gaston a du reste passée à son fils Yves, ainsi qu’ à Victoria, sa petite-fille qu’il adorait.

Pendant les étés 73 et 74, j'avais travaillé avec Gaston dans son magasin des Lindarets, juste avant de rentrer à plein temps dans la branche du ski et de partir aux États-Unis. Désormais séparés par la distance et pris par nos vies respectives, nous ne nous sommes revus que lorsque j’étais de passage à Montriond et de plus en plus, nous bavardions au téléphone dès que les communications furent facilitées.

Toujours encourageant, Gaston m’a aussi souvent inspiré, et je suis heureux d'avoir fait un beau bout de chemin en sa compagnie. Sous oxygène pendant 12 ans, il s’est battu sans jamais se plaindre en s’accrochant à cette vie qu’il aimait tant.

Ce qui lui a permit de tenir, c’est l’amour qu’il avait pour sa famille et pour la petite Victoria qu’il voulait voir grandir. Une force de la nature, il nous a finalement quittés pour trouver le repos dont il avait tant besoin. Au revoir grand frère, tu vas nous manquer !

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