vendredi, mars 07, 2008

L’art de l'arc

Je ne suis pas un skieur qui aime les virages courts. Je préfère les grands virages qui n’en finissent pas et qui ressemblent à ceux de slalom géant ; ceux qui vous gardent sur le qui-vive et captivent toute votre attention pendant d’interminables instants. Je parle de ces longues courbes sans fin qui sont rapides, gênèrent une force centrifuge grisante, qui s’enchaînent parfaitement, qui épousent fidèlement tous les reliefs de terrain et contournent sans heurts chaque obstacle naturel ; ces virages ne sont pas simplement en deux dimensions mais épousent bien l’ensemble du relief. Je trouve que ces grands virages sont le summum de l’expérience à ski. À mon humble avis, tous les virages de type slalom, godille ou « sautés » sont une forme de ski dégénéré peu dignes du potentiel qu’offre une paire de skis et l'individu qui les conduit. Bien sûr, ceux-ci ont leur place dans de nombreuses circonstances et restent une ressource technique utile mais qui ne devrait jamais définir la façon dont nous skions.
Ainsi, les courbes à grand rayons optimisent les caractéristiques de la pente, invitent le suspense, ajoutent ces « piments » que sont l'incertitude, la vitesse et les sensations fortes. Avec ce genre de virage, rien n'est jamais acquis et dans le meilleur des cas, il convient toujours de retenir un peu son souffle. Les grands virages utilisant la technique du « carving » sur pistes bien damées sont à peine admissible dans cette catégorie en raison des faibles ajustements qu’ils demandent au cours de leur conduite. Je préfère les grands arcs exécutés dans des neiges irrégulières, des traces croisées et sur des terrains bosselés où les skis ne doivent pas seulement être précisément conduits en permanente, mais où la recherche de la meilleure trajectoire ajoute à l'art de l’exercice ; dans ce cas, des ajustements constants sont nécessaires et exigent du skieur toute sa concentration, tant en termes de dosage de carres, de contrôle de vitesse que d'acuité visuelle, pour définir la trajectoire finale de la courbe et amener un enchaînement parfaitement lié au virage suivant. En fin de compte, si vous skiez avec moi, ne vous attendez pas à faire un nombre excessif de virages. Après tout - comme je le dit souvent – tous nos virages (les vôtres, les miens) sont déjà comptés!

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