lundi, septembre 13, 2021

Un premier tour du monde, 57e partie

Que dirions-nous si quelqu'un nous demandait « Quelles leçons de vie avons-nous appris pendant notre séjour en Australie, et à Mt. Buller en 1971 ? » (suite) 

JF : 

« L'Australie m'a beaucoup appris ! J'ai d’abord découvert que le monde était immense. JP et moi en avons fait l’expérience directe, coincés sur un paquebot pendant 50 jours. Cela nous a ouvert les yeux sur le fait que nous étions tout petits sur cette étendue d'eau infinie, un peu perdus sur une immense planète, et aussi combien nous étions privilégiés d'être inclus dans cette merveilleuse aventure. Nous étions jeunes et, dans une large mesure, bien loin d’être murs. Nos cerveaux malléables et curieux avaient l’occasion d’apprendre au quotidien auprès de nos collègues et des gens que nous rencontrions tous les jours, en découvrant de nouveaux horizons, en accomplissant des tâches inédites ou en vivant une foule de situations autant inconnues que surprenantes. » 

Si quelqu'un m'avait demandé de résumer, j'aurais dit : « J'ai surtout gagné énormément de confiance en moi ... Sur neige, mon savoir-faire s’est enrichi en travaillant avec Gérard et Alexis, j'ai aussi pu observer ce qui se passait à l'école de ski autrichienne, élargissant ainsi mes connaissances pédagogiques. Améliorer mon anglais au quotidien était fabuleux, et même si je communiquais de mieux en mieux, ma compréhension de la culture australienne restait quand même à la traîne et cela m'a appris que la culture est toujours un obstacle beaucoup plus dur à conquérir que la connaissance d’une langue. Plus important encore, c’est là que j'ai décidé que mon futur professionnel inclurait le ski, le commerce international et beaucoup de voyages. Pour couronner le tout, j'ai réalisé que je n'avais jamais été aussi heureux de ma vie, et pour moi, cela n'avait pas de prix ! »

Cette expérience inoubliable couronnait ainsi ce qui avait été la meilleure année de ma vie ! 

Philippe Coutaz : 

Philippe partage aussi mon point de vue sur notre jeunesse et notre maturité qui se cherchait. Tous les jeunes sont confrontés à ce dilemme et réagissent de manières très différentes. Souvent, il y a ce besoin de ressortir de la masse pour affirmer qui nous sommes et où nous allons nous retrouver dans ce nouveau rôle d'adultes. 

Plus jeune que Gérard, Marcel, Jean-Pierre et moi, Philippe reconnais : « Je n'avais que 20 ans et parfois, si vous me trouviez un peu abrasif, c’est que je cherchais ma place parmi un groupe de garçons tous plus âgés et apparemment assez sûrs d’eux. Dans ces circonstances, il était difficile d'être moi-même, tout simplement ! » 

Comme pour chacun d’entre nous, l'Australie fut une expérience remplie d’enseignement pour Philippe. Elle lui a fait découvrir que rien ne pouvait remplacer une honnêteté absolue avec lui-même afin de devenir quelqu’un de productif, capable de fonctionner en harmonie avec son entourage. 

Jean-Pierre Chatellard : 

JP qui nous a quitté il y a un an n'est plus avec nous pour répondre à cette même question. C'est pourquoi j'ai pris sur moi d'imaginer ce qu’il aurait pu dire, en gardant tout cela pour la fin. Ensemble, JP et moi avons voyagé pendant sept semaines vers l’Australie. 

Fort d'avoir fait une saison en tant qu'entraîneur au Colorado, il savait comment les choses se passaient en dehors de France, il connaissait un peu mieux la culture anglo-saxonne et parlait assez bien l'anglais pour se remettre dans le bain en arrivant. 

Qu'a-t-il donc appris en Australie ? Laissez-le s'expliquer : 

« D'abord, je dois admettre que j'en savais déjà pas mal quand je suis arrivé en Australie, donc j’avais beaucoup moins à apprendre que mes collègues … » Comme vous pouvez le lire, JP avait peu de choses à améliorer. C’est vrai qu’au fil du temps, j'ai réalisé que JP s’était construit l’image d’un gars imperturbable, style Belmondo, si vous voulez, bien calé dans son personnage, sans avoir à jeter de coup d'œil sur son âme profonde. 

Depuis le jour où je l’avais rencontré, j’avais admiré son attitude de fonceur, mais je réalise désormais qu'il ne s'agissait probablement que d'une façade, car un charisme débordant cache souvent des vulnérabilités ... 

JP continue : « Dans une moindre mesure, j'ai appris que je pouvais être un coach, un mentor, quelqu’un de "cool". Cela est sans doute venu de mon expérience avec JF. Je proposais un truc et il le faisait. Je disais “On saute !”, il répondrait “De quelle hauteur ?”. Je savais que j'avais trouvé le filon et que j’étais naturellement doué pour influencer les autres et les inspirer avec ma témérité et mon enthousiasme débordant ... Bien sûr, j'ai aussi appris de JF que, lorsqu'il écoutait son instinct de survie, mon influence se trouvait soudainement limitée… »  

C'est bien vrai, l'audace de JP m'a sorti de ma coquille et à un certain moment, j'ai senti qu'il était grand temps pour moi de devenir autonome.

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