lundi, avril 19, 2021

Les dangers des vols gratuits

Ayant beaucoup volé pendant une grande partie de ma vie et travaillé comme mécanicien sur avion pendant un an et demi, j'ai toujours été fasciné par les histoires de passagers clandestins, suffisamment désespérés pour prendre l'énorme risque de se cacher dans un train d'atterrissage, afin d'atteindre la destination de leurs rêves gratuitement, ou sans avoir à payer les services d'un passeur. 

Un article paru dans le numéro du 15 avril du journal The Guardian (en anglais), par Sirin Kale, explique longuement les terribles conséquences associées à ce genre de tentative. Je veux juste récapituler certains des points de cet article qui m'ont le plus touché. 

D'abord, cette pratique de passage clandestin aéronautique à débuté à Cuba, pays qui compte neuf cas recensés depuis 1947. Là encore, son origine est liée au désespoir, à la persécution ou à une abjecte pauvreté. 

Le fait de se cacher à l'intérieur de la soute du train d’atterrissage d'un avion de ligne pose en effet de gros problèmes. Selon la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis, de 1947 à février 2020, il y a eu 128 incidents de ce type, tous sauf un, impliquant des hommes, dans lesquels plus de 75% des passagers on trouvés la mort. 

Celle-ci peut prendre différentes formes ; le passager clandestin peut tomber de l'avion au décollage, en ne s'accrochant pas suffisamment bien à la soute, ou en ne pouvant pas résister au effets du vent et des turbulences intenses, ainsi que du bruit insuportable rencontrés lors du décollage. 

Si l'individu survit à tout cela, il peut alors être alors écrasé par le train d'atterrissage au moment où celui-ci se rétracte et se replie à l'intérieur de sa soute. 

Si tout se passe bien, il reste des problèmes encore bien plus graves. Environ 25 minutes après le décollage, la plupart des avions atteignent une altitude de croisière de 10 000 mètres, où la température extérieure chute autour de -54 degrés qui peut être ramenée à -34 une fois les trappes fermées et avec la faible chaleur dissipée par les conduites hydrauliques traversant l’espace, mais suffisamment froide pour causer une hypothermie mortelle. 

Ensuite, il y le manque d’oxygène lié à la faible pression atmosphérique en haute altitude qui n’est que le quart de ce qui existe au niveau de la mer, rendant la respiration quasi-impossible, entraînant hypoxie et mort cérébrale. Il existe également un risque de décompression dangereuse, avec formation de bulles de gaz dans tout le corps, entraînant aussi une foule de problèmes pouvant être mortels. 

Mais ce n’est pas tout, si nos passagers clandestins survivent à la majeure partie du voyage, ils seront inconscients au moment où l’avion commencera sa descente. Ainsi, lorsque les trappes s’ouvrent et le train d’atterrissage sort lors de l’approche finale, à moins de dix kilomètres de la piste, le passager clandestin souvent inconcient, tombera probablement de sa cachette à des centaines de mètres plus bas. 

Dans l'article du Guardian, Stephen Veronneau, un expert mondial sur cette forme de passage clandestin, aurait déclaré: « La température interne de ces gens peut tomber jusqu’à 27 degrés ou même plus bas, contre 36,1 à 37,2 normalement.»

« À l'atterrissage, un réchauffement progressif se produit, ainsi qu'une ré-oxygénation. Si l'individu n’est pas tombé et a eu la chance d'éviter des lésions cérébrales ou la mort par hypoxie et hypothermie, un arrêt cardiaque ou une défaillance lors du réchauffement, ou des complications graves de la décompression neurovasculaire, une récupération progressive de la conscience peu alors se produire. » 

Cette théorie d'hibernation est assez étonnante, mais lorsqu'une personne est presque gelée, ses besoins en oxygène et en énergie diminuent, ce qui la rend moins vulnérable aux lésions cérébrales induites par l'hypoxie. Lorsque la personne est progressivement réchauffée, elle se réveille, comme si elle venait de faire un rêve agité. 

Cela semble être le seul élément positif lié à cette forme de voyage gratuit. Quant à moi, je compte plus que jamais acheter un billet la prochaine fois que je reprends l’avion !

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