Prendre des risque m'a toujours fasciné et la raison pour cette attraction remonte à ma tendre enfance. Une de mes premières occasions de tenter le diable m'est arrivée quand j'avais à peu près cinq ans et que jouait derrière la maison familiale à Montriond, en Haute-Savoie. Mon père possédait une brouette à trois roues, un véhicule unique comme j'imagine qu'il n'en existe que dans les vallées alpines. Cette espèce de charrette, qui servait essentiellement a transporter le fumier, était garée derrière la maison, juste à côté d'un « mollard, » une pente raide qui surplombait « La Dranse, » le torrent du coin, par plus de 75 mètres de dénivelé.
Bien que je fusse un petit bambin, je réussissais à monter dans la caisse de la brouette et me mettais aussitôt à faire tourner la roue avant avec mes deux mains. Lentement, je parvenais à manœuvrer le lourd chariot, me retrouvais assez vite face à la pente et partais comme une fusée vers le bas, seul passager de cet équipage bien spécial. La première partie de la pente était inclinée d'environ 20 degrés suivie par un très court replat avant de replonger dans une pente beaucoup plus forte à 30 degrés qui donnait au bolide improvisé une vitesse proche du décollage.
Alors que je parvenais à rester à l'intérieur du caisson pendant toute la descente, me grisant de toutes ces sensations fortes, la pente raide se terminait par un autre replat assez marqué, à proximité du lit du torrent. Au changement de pente, la brouette piquait du nez, m'éjectait et je m'envolais avant d'atterrir dans le pré, tandis que celle-ci s'immobilisait à quelques mètres de la berge.
J'essayai immédiatement de remonter la pente, en rampant, car un de mes genoux me faisait très mal. Mon frère alors âgé d'une douzaine d'années et qui le premier s'était rendu compte de la disparition simultanée du petit dernier et de la brouette, me récupérait à mi-pente et me portait comme il pouvait jusqu'à la maison où mes parents, alertés par l'incident, m'attendaient remplis d'anxiété. Il me restait cependant assez de force et d'à-propos pour leur imputer la responsabilité de l'incident et exiger d'eux qu'ils rangent désormais un peu mieux cette fichue brouette. J'ai évidemment survécu à cette épreuve pour pouvoir écrire ce blog, n'ai eu qu'une entorse au genou, mais gagnais une appréciation permanente pour la vitesse et toutes les sensations fortes. Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi je n'ai jamais pensé à lister cet exploit sur mon C.V.!
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