Mes amis français ne cessent d’utiliser le terme « virtuel » quand ils parlent d'argent. Ce qu'ils veulent dire par là, c'est qu'il n'y aurait jamais assez d'argent, si l’on devait tout à coup liquider tout les dépôts bancaires, les notes, tous les fonds électroniques en circulation, la dette publique et tout le crédit. Ils craignent que tout cet argent n’est ni plus ni moins qu’un concept fictif, ce qui expliquerait en partie la crise financière actuelle. Comme je ne suis pas un grand économiste et que c'est le bon mois de l'année, j’ai décidé de m’atteler à ce sujet comme si les Etats-Unis tous entiers allait liquider tous leurs biens et déménager sur… Mars !
Pour tenter de répondre à cette hypothèse bien légitime, j’ai concentré ma recherche sur les États-Unis (la zone euro étant assez difficile à cerner car la Banque Centrale européenne consolide ses statistiques parmi tous les pays qui utilisent la monnaie commune ...) Aux États-Unis, nous avons donc la situation suivante (tous les chiffres sont en dollars et datent de la fin 2007). Commençons avec ce qui dans la définition de masse monétaire s'appelle M1. Celle-ci s'élève à 1.374.000 milliards de dollars, soient 5.000 dollars par habitant ce qui est assez drôle parce que ma femme et moi n’avons, en règle générale, jamais plus que 200 dollars sur nous. Dans la zone euro, cette catégorie représente 760.000 milliards de dollar, ce qui est la moitié, soient seulement 2.500 dollars par habitant.
Cela représente tout l’argent liquide (billets et pièces) en circulation y comprit tout ce qui est stocké dans les banques ainsi que les réserves que ces mêmes banques commerciales détiennent dans leurs comptes auprès de la banque centrale. Il faut aussi ajouter à cela tous les autres dépôts vérifiables, y compris les chèques de voyage. Tout cet argent représente le stock d’actifs qui peuvent être utilisés pour payer un bien, un service ou pour rembourser une dette. Les cartes de débit bancaires tombent aussi dans cette catégorie. Dans le passé, il était généralement accepté que si la masse monétaire augmentait plus vite que la croissance du produit intérieur brut, il serait plus que probable que le taux d'inflation allait augmenter en conséquence.
L’autre catégorie est ce que l’on appelle M4, et qui est la somme totale de M1, M2 et M3.
M2 correspond à M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois (comme, par exemple, pour la France, le livret jeune ou le CODEVI, le livret A et bleus, le compte d'épargne logement, le livret d'épargne populaire...)
M3 correspond à M2 plus les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM, certificat de dépôt).
Enfin M4 correspond à M3 plus les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.
Aux États-Unis, cette catégorie s'élève à 10.100 milliard de dollars (de l'argent virtuel ? Probablement).
Enfin, il existe un tout gros morceau: Tout ce qui a trait au crédit, et qui couvre aussi bien le crédit commercial que le crédit à la consommation. Aux Etats-Unis, ce compte s'élève jusqu'à 17.000 milliards de dollars (beaucoup plus que le PIB !) alors que pour toute la communauté économique européenne c'est un montant encore plus énorme de quelques 21.000 milliards de dollars qu'il convient de comparer aux 70.000 milliards de credits pour l’ensemble du monde entier.
Finalement, n’oublions pas notre dette extérieure qui au 30 Juin 2007, bien avant le sauvetage des banques et le plan économique de stimulation, se montait déjà à 12.250.milliards de dollars. Aujourd’hui nous serions sans doute au niveau de notre PIB, qui, s’il fallait le rappeler, se montait à 14.580 milliards fin 2008.
Il ne nous reste plus qu’à trouver un bon comptable pour élucider tous ces comptes et voir si nous pouvons déménager sur cette autre planète. Personnellement, j’en doute fort et pense que nous-mêmes, nos enfants et leurs descendants allons être coincés sur terre pendant encore un bon bout de temps pendant que nous épongeons cette montagne de passif !
jeudi, mars 12, 2009
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