Il y a cinquante ans, alors que ma saison de moniteur de ski se terminait, mon bon ami Michel Duret m'avait demandé si je serais intéressé à visiter les différents magasins de ski de Paris et de sa région pendant le mois de mai. J'ai probablement répondu « Pourquoi pas? » comme je n'avais rien à faire pendant cette période.
Les skis Duret avaient un représentant multicarte bien établi et assez âgé couvrant les Alpes et les villes voisines comme Lyon, Marseille, etc., mais personne à Paris à cette époque. Je me souviens que je venais d'acheter un break Renault 12 et que j'avais un peu hâte de le tester sur route.Cette voiture a remplacé la Citroën 2cv que je conduisais depuis que j'avais le permis. Je me souviens avoir acheté et installé une radio-cassette qui me permettait d'écouter de la musique pendant mes futurs trajets.
J'étais allé plusieurs fois brièvement à Paris, mais je n'avais aucune idée de la conduite dans cette grande ville, juste une carte routière grossière à portée de main, et aucune expérience pour naviguer cette impressionnante métropole, sans parler de trimbaler mes échantillons de ski dans le métro quand je visitait les magasins du centre ville.
Je me souviens que Michel avait préparé une demi-douzaine d'échantillons de skis en petites longueurs qui étaient protégés à l'intérieur d'une élégante et longue pochette de velours noir. Je ne connaissais vraiment pas grand-chose sur ces ski sauf quelques rudiments de construction que m’avait transmis mon ami, bien sûr le fait que je skiais sur ceux-ci toute la saison, mais je n'avais pas vraiment d'information solide sur les produits concurrents, leur prix et leur positionnement sur le marché (ce dernier critère n'existant pas encore à cette époque).
Je n'avais aucune idée non plus de ce que les skis Duret représentaient dans l'esprit des détaillants de ski et quelles places ils pourraient tenir sur leurs rayons. Inutile de dire que j'étais terriblement mal préparé.
Pendant tout ce temps, j'avais séjourné dans un modeste hôtel du 12e arrondissement, et je me déplaçais parfois en voiture, mais la plupart du temps, en trimballant mes échantillons encombrants dans le métro, je me présentais à l’improviste dans les magasins de ski avec un taux de réussite extrêmement variable.
Par là, je veux dire que certains me claquaient carrément la porte au nez, tandis que d'autres n’osaient quand même pas me refuser la chance de défendre le produit que je vendais, mais je n'ai jamais, jamais, pris une seule commande de ski. Le week-end, j’allais rendre visite à mes clients et clientes d’Avoriaz pour me remonter le moral.
Ce que j'ai appris, ce sont des tonnes de raisons pour lesquelles les commerçants n'étaient pas intéressés ou n'avaient pas besoin de mes skis. Je pense que je suis resté dans la Capitale au moins quatre semaines et que j’ai dû rentrer avec soulagement juste avant le jour de l'Ascension qui tombait le 31 mai cette année-là.
Cela dit, j'ai passé un bon moment, Paris était magnifique et comme toujours, j'aimerais dire que j'ai beaucoup appris pendant ce mois et j’avais peut-être réalisé que cette expérience pourrait faire partie de mon avenir proche, sans en être trop sûr ...
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