samedi, avril 09, 2011

Souvenirs de Denys Liboz

Aujourd'hui, la tempête de neige faisait rage, un peu comme quand je skiais avec Denys, que ce soit dans les Alpes suisses, à Aspen, à Park City ou autour du lac Tahoe. Je ne me souviens pas d'avoir jamais skié avec lui quand il faisait beau. Je suis donc parti, profitant de vingt centimètres de poudreuse toute fraiche pour aller dédier mes virages de la journée à celui que je considère mon ami. Il aimait skier très vite dans ce genre de neige, sous une visibilité plus que marginale et dans des endroits truffés de risques et d'obstacles. C’était tout à fait lui ; constamment en train de repousser les limites du possible.

C'est ça, Denys adorait les défis et les difficultés. Pour des immigrants comme lui, réussir n’était jamais facile et je sais de quoi je parle. Si vous débarquiez en Amérique en tant qu'adulte, avec un bon gros accent français qu'il était presque toujours impossible de perdre, il devenait très difficile de ne pas être catalogué comme quelqu'un de sérieusement limité. Pour des français comme nous, il semblait acceptable d'être coiffeur ou chef de cuisine, mais pas autre chose ; une autre activité aurait un peu trop bousculé les a-priori des américains.

Pourtant, contre toute attente, Denys s’était construit une carrière enviable de représentant en articles de sports. Pour y arriver, il avait simplement du travailler beaucoup plus que les autres, il lui a fallu fournir un service superieur à ses clients et effectuer un bien meilleur service de formation auprès de son personnel, en un mot, se rendre indispensable, le tout dans le but de développer et de maintenir un volume d'affaires impressionnant. Tout cela sans tomber dans le schéma stéréotypé qu'ont trop souvent les américains à propos des français. Comme quand il skiait en poudreuse dans une visibilité très réduite, Denys savait voir les ouverture, les occasions et était capable de s'y concentrer avec toute sa vigueur et tout son cœur.

Donnant toujours la pleine mesure et allant constamment au bout. Denys avait un esprit à sens unique et ne se laissait jamais décourager. C'est ainsi qu'aujourd'hui, en faisant tous ces virages pour lui, je pouvais sentir son esprit et entendre sa voix me dire: « Vas-y !»

Denys, j'espère sincèrement que là où se trouve ton âme aujourd'hui, il y aura plein de pistes vierges, de magnifiques pentes et beaucoup de grand espaces prêts à être explorés ...

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