Juste au moment où Dynastar joue son va-tout pour survivre, je me souviens de l'importance que cette marque avait pour moi lorsque j’étais un jeune skieur, et c’est un peu pourquoi cela m’a amené à écrire son histoire, qui du reste n’est disponible nulle part et qui est probablement ignorée par tous les dirigeants actuels de Dynastar .
À l'instar de son célèbre logo aux « moustaches » introduit en 1966 et emprunté au blason de la ville de Sallanches, là où l’usine est située depuis 1963 et qui représente le point de rencontre de deux petits ruisseaux locaux, Dynastar a été le produit de confluences avec d’autres marques, de tas idées techniques et de propriétaires très différents.
J'ai remarqué la première paire de skis Dynastar en 1963 dans la vitrine d’Alson Sports à Morzine. Ils portaient alors la marque "Starflex" et le modèle s’appelait « Compound RG5, » la surface supérieure était en phénol noir et à travers les champs de résine claire, il était possible de voir le tissage de la fibre de verre.
Les skis étaient alors fabriqué par la société « Les Plastiques Synthétiques » basée à Paris et l’idée de Claude Joseph, le distributeur de Marker en France. Non-conformiste, il s’est impliqué activement dans le Pool des fournisseurs du ski français, qui venait juste d'être créé, pour y intégrer Dynastar et pouvoir équiper les membres de l’équipe française.
Il est dailleurs resté longtemps président du Pool.
Outre le modèle « Fiberglass Jean Vuarnet » de Rossignol, ces skis étaient les premiers produits non-traditionnels en bois ou en métal que j'avais jamais vu.
Parallèlement, les skis Dynamic, qui ne fabriquaient encore que des skis en bois, était en train de mettre au point leur propre « boîte à torsion », avaient été appelés pour aider Les Plastiques Synthétiques, qui venait d'ouvrir une nouvelle usine à Sallanches, à côté de Chamonix, sur les conseils de Cazeneuve, le moniteur de ski de Claude Joseph qui skiait alors à Megève.
Cette usine appartenait à la société de fabrication des skis Aluflex, connue d'abord sous le nom de MIRA (« Manufacture Industrielle de Ressorts Automobiles »), rebaptisée plus tard « Les Ressorts du Nord » et Claude Joseph en devenait le directeur général. Son ski en fibre de verre à boîte de torsion, le Compound RG5, était conceptuellement très proche du futur VR7 de Dynamic.
Le problème était que les spatules du RG5 cassaient toutes et c'est pourquoi Starflex avait demandé à Dynamic de les aider à résoudre ce grave problème de fabrication.
Starflex avait aussi demandé à Dynamic de les aider en matière de contrôle de qualité, en « certifiant » la qualité des ses produits et en apposant sur les skis une étiquette portant la mention « Contrôlé par Dynamic », qui donnait un peu plus de crédibilité au produit.
En dépit de ses efforts et de son implication dans l'usine de Sallanches, Dynamic n’a jamais eu d’intérêt financier chez Aluflex ou Starflex.
Cependant, de vives polémiques devaient rapidement se développer entre Dynamic et Dynastar autour du nouveau nom « Dynastar », une contraction entre Dynamic et Starflex. avec exactement les mêmes caractères d'imprimerie, ce qui montre, s'il le fallait, que l’avocat de Dynamic ne faisait pas son travail !
Le système de numérotation des (RG5 vs. VR7 et RG10 et VR17) était également devenu un sujet de contention.
Pour ceux qui adorent les détails, le nom “RG5” signifiait “verre-résine, cinq années d'études” alors que “VR7” voulait dire la même chose en français avec “verre-résine”, mais cette fois, le temps de développement était de sept ans …
Sallanches devait être un foyer de créativité lorsqu'il fallait baptiser des produits (nous en parlerons plus tard ...) Claude Joseph, le père de Starflex, avait également lancé une gamme de bâtons de ski nommée Kerma, en retournant tout simplement la marque Marker pour en faire ker-ma !
(à suivre…)
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3 commentaires:
Je ne connaissais pas les dessous de cette collaboration industrielle entre les deux marques (Dynastar et Dynamic)! Lorsque mon père m'a mis pour la première fois sur des skis (c'était en 1965 à Nyon devant le restaurant des Barrat), j'avais aux pieds une paire de vieux skis de bois, puis quelques années après, j'ai enfin pu avoir des skis "modernes" des Rossignol Hyckorie que mon père m'avait acheté à la bourse aux skis de Lullin...
Ce n'est pas fini; il reste 2 autres episodes!
Excellent d'apprendre que la marque pour laquelle je travaillais (équipe de Claude Joseph et Pierre Passalacqua) était l'inversion de Marker - Kerma ... quelques mois magnifiques de rencontres avec les moniteurs de l'époque et surtout de Jeannot Liard ! Je traduisais surtout l'allemand pour le marché de Munich, quel bon souvenir
et merci Go11 pour l'info ! je reliais la marque Kerma à l'histoire égyptienne
Bonne continuation en Utah,
michelle sipp
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