Il y a quelques semaines, j'étais convoqué à Washington pour prendre part à un petit déjeuner en compagnie du président Bush… Dire que cela m'ai choqué serait un moindre mot car je n’ai jamais beaucoup eu d'affection ou d'estime pour notre chef d’état ; en tout cas, la façon dont l'avis était rédigé me laissait peu de choix, sauf de me préparer et de me rendre à notre capitale fédérale le jour prévu. Après avoir passé la nuit dans un hôtel charmant tout près de Washington, DC, j'étais pris en charge à sept heures trente précises et conduit à la Maison Blanche. Je n'y étais jamais allé et je ne me trouvais pas trop bien habillé pour la circonstance portant juste un blazer, une paire de pantalons kakis et une chemise bleue à col ouvert. Après avoir franchis le système de sécurité, j'était introduit dans une petite salle à manger arrangée pour y servir un petit déjeuner. À peine entré, George W. Bush qui était assis en bout de table me regardait et me souriait un peu nerveusement. À ses cotes se trouvaient deux individus qui ressemblaient à des agents secrets, et un jeune homme ainsi qu’une jeune femme, tous beaucoup mieux habillés que moi, avec des complets flambant neufs, cravate et accessoires assortis. Bien sûr, j'avais pourtant lu les documents d'information concernant le protocole avant mon départ et l’on m’en avait remis d’autres lorsque la voiture m’avait pris à l'hôtel, mais je dois avouer que j'étais à la fois un peu embarrassée et confus et ne savait plus trop quoi faire ou dire. Je crois que j’ai marmonné quelque chose comme « bonjour, Monsieur le Président » et celui-ci a immédiatement cherché à me mettre à l'aise avec un « Bienvenue à Washington, Monsieur Toutdroit ! » Il a alors procédé à introduire les gens autour de la table. Les deux gars très sérieux en costumes sombres étaient en fait des agents d’espionnage du NSA (National Security Agency); l’un d’entre-eux s’appelait Randy et l’autre Justin. Les deux autres personnes étaient tout comme moi, de simples « invités »: l'un s’appelait Steve K. et était un américain d’origine Coréene et l'autre se nommait Ursula K. dont les parents étaient venus d'Allemagne, juste avant sa naissance. Sans perdre une minute, M. Bush nous demandait de bien vouloir consulter le menu afin pouvoir commander ce que nous désirions pour notre petit déjeuner. Suivaient alors quelques banalités, et sans trop tourner autour du pot, il nous expliquait qu’après une surveillance intensive de nos appels téléphoniques vers l’étranger, il avait été constaté que tous trois étions beaucoup trop vocaux dans nos critiques de son administration ; il ajoutait que nous devions être très mal informés sur les sujets dont nous parlions et que cette réunion serait une excellente occasion pour en quelque sorte « changer » nos opinions et devenir un peu plus « ouverts » dans la manière nous jugerions désormais son gouvernement. Il se plongeait alors un peu plus dans les détails de nos « positions offensives » comme l'environnement pour Steve (en le montrant un peu comme un « éco-terroriste »), en décrivant Ursula comme étant excessivement « pro-avortement » et en déclarant que Monsieur Toudroit - votre serviteur - était une espèce de « peacenik anti-guerre en Irak ». Ceci dit, il nous souhaitait bon appétit tout en nous posant des questions sur nos familles respectives, nos animaux de compagnie et notre équipe de football américain préférée. Quand le petit déjeuner fut terminé, on m'indiquait que Steve et Ursula allaient me précéder dans leur tête-à-tête avec le président. C’était d’abord au tour de Steve de se rendre dans le Bureau Ovale, et entre-temps je bavardais avec Ursula, pendant que Justin, l’agent du NSA, qui était resté avec nous écoutait notre conversation très attentivement et en silence…
(A suivre…)
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