mardi, avril 22, 2008

Accent étranger, cordes vocales et puberté

En télésiège, les Américains sont beaucoup plus sociaux que les Européens, ils ne manquent presque jamais d’engager la conversation, ou si vous commencez, ils vont y participer, raccourcissant ainsi les cinq à dix minutes de montée. Seul un petit pourcentage de gens refusent tout dialogue, et croyez-moi, je skie beaucoup, donc je sais de quoi je parle ! Cela m'amène à mon sujet qui ne manque jamais de m’énerver lorsque la personne assise à mes côtés demande: « D’où venez-vous? » Je ne réponds généralement pas sans que mon interlocuteur travaille pour « gagner » la réponse. Je leur donne ainsi trois essais, et la bonne moitié les rate tous en disant que je dois être de Croatie, d'Allemagne ou encore de la République de Géorgie. Les autres y arrivent au bout de deux ou trois tentatives et la minorité plus intelligente déduit assez vite que je dois venir de France. Voilà pour la partie facile, car bien souvent ces petits malins, après avoir appris que j'ai vécu pendant plus de 30 ans aux Etats-Unis, ne manquent pas de me demander: « Comment se fait-il que vous ayez toujours votre accent ? » Je procède alors à leur « donner une leçon » en disant que, si une langue étrangère est apprise au-delà de la puberté, il y a de fortes chances que l'accent d'origine – aussi faible qu’il puisse être - restera ancré à jamais, simplement parce qu’après l'adolescence, les cordes vocales perdent leur flexibilité et sont donc incapable de s'adapter comme c’est le font les enfants qui adoptent le parfait accent en apprennant une nouvelle langue. Après mon exposé, le passager hoche la tête de manière l'admirative (du moins c’est ce que je crois), et semble très reconnaissant d’avoir appris quelque chose de nouveau en remontant la pente…

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