mercredi, avril 16, 2008
Le « tandem des neiges »
Il y a trente-cinq ans, vers la mi-avril, mon ami François Chauplannaz et moi tirions le diable par la queue, enseignant le ski à Avoriaz. Nous avions du bon temps et ne manquions jamais une occasion de trouver de nouvelles façons de nous amuser. À l'époque, j'avais une paire de skis Duret de 213 cm que j’avais décidé te transformer en tandem. J'invitais donc François à devenir mon co-équipier ; nous avions alors montés nos propres fixations sur ces skis (une paire de Marker Simplex et plaque tournante Rotamat pour lui et une paire de Look Nevada I et plaque tournante pour moi.), J'avais choisi la position arrière sur cet engin et mon pote occupait le poste de pilotage car il était un peu plus petit que moi et cela me permettait de voir par-dessus ses épaules. Le fait que j’étais aussi le plus lourd des deux occasionnait une forte tendance au « sous-virage » et nous nous trouvions souvent dans des situations dans lesquelles « la queue remuait le chien. » On aurait pu penser que comme sur un vélo tandem moins d'efforts auraient été requis, mais cela n’était pas le cas. Il était en effet très difficile de se maintenir debout sur cette embarcation improvisée et nous pouvions ressentir des efforts en torsion intenses allant dans toutes les directions; dieu merci, les skis tenaient le choc ! Un autre inconvénient était qu’il nous fallait nous séparer pour monter au télésiège en déchaussant partiellement et en ne retenant q’une demi-paire de skis chacun. Monter en téléski – et dieu sait s’il y en avait des tas à l’époque - exigeait de glisser sur un seul ski, ce qui s’avérait assez vite fatigant. Ceci dit, nous avons utilisé le « tandem des neiges » à de nombreuses reprises, surtout sur les pistes faciles d’Arare où nous attirions tous les regards. Il faut dire que nous étions beaucoup plus jeune à l'époque et d’une apparence un peu moins décrépie qu’aujourd'hui. Malheureusement, cette nouvelle forme de ski ne devait jamais connaître le succès escompté, et aujourd’hui, en bon Américain, je soupçonne qu’une « théorie de la conspiration » était déjà à l’œuvre dans le but de nous décourager. À l’époque, la SAMA (la société de remontées mécaniques), avec à sa tête René Baud craignait fortement qu’une pratique généralisée du tandem conduirait à ne vendre qu’un seul forfait par paire de ski, ce qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses sur les résultats d’exploitation. Rétrospectivement, nous avons probablement manqué de persévérance et il me parait désormais évident que nous aurions dut croire d’avantage en ce concept révolutionnaire. Si nous l’avions fait, François et moi serions aujourd’hui très célèbres et après avoir tourné des films, écrit des livres et fait des tas de conférences, nous serions probablement à la retraite, soit à Hollywood ou à Las Vegas ; mais à quoi bon, tout ça c’est du passé…
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