Pour moi, Jean-Pierre ou JP comme nous aimions l'appeler, était un entraîneur de ski qui sortait de l’ordinaire en raison de sa façon unique d’observer les gens et d’analyser les circonstances, et de son expérience incroyablement diversifiée, tout comme son approche peu orthodoxe par rapport à tout ce qui touchait au ski.
Originaire de Megève, JP avait entraîné les équipes espagnoles, françaises, suédoises, américaines et japonaises, et avait été également un entraîneur privé pour quelques skieurs sud-américains, ainsi que pour le Club des Sports de Megève.
C’était en fait le premier entraîneur de ski français qui « exportait » ainsi, son savoir-faire à l’étranger.
Comme il préférait 250 jours de soleil à 250 jours de précipitations annuelles, il s’était installé dans le Colorado.
Plus important encore, c’était un très bon copain avec qui je partageais une foule de bons souvenirs. Il est décédé ce 22 septembre après un long combat contre le cancer dans sa maison de Chimney Rock, près de Pagosa Springs, dans le sud du Colorado.
Nous avions enseigné le ski ensemble en Australie au début des années 70 et sommes restés amis depuis. À l’époque, nous étions inséparables. D'une certaine manière, c’était un autre frère pour moi, mieux encore, un jumeau, beaucoup plus jeune que mon frère aîné, permettant ainsi une communication et une complicité parfaites.
Casse-cou et iconoclaste, il m'a sorti de ma coquille et m'a emmené dans son monde où « tout était possible », regorgeant d'aventures folles, d'idées nouvelles et de solutions créatives. Nous avions commencé à Gênes, en Italie, où nous nous étions rencontrés pour la première fois, et avions fait la moitié du tour du monde sur un paquebot italien, le Galileo Galilei.
Dès le départ, nous étions tous deux passablement fous et, ensemble, avions ajoutés d'avantage de synergie à nos comportements excentriques. Tout devait nous entraîner dans de tumultueuses expériences et d’incroyables aventures.
Bien sûr, nous avions parfois nos moments difficiles et nos désaccords. Nous étions tous deux « Hauts Savoyards » purs et durs, donc têtus. Je me souviens d’un moment où JP et Brigitte, son épouse à l'époque, restaient avec nous à Park City, dans notre toute nouvelle maison, avant un voyage de ski au Chili.
Ma femme avait gentiment demandé
à Jean-Pierre qu’il enlève ses bottes de cowboy, car nous avions un plancher en érable clair, assez délicat. Il avait refusé obstinément en disant: « Mes bottes sont trop difficiles à enlever et à remettre ! »
Le lendemain matin, notre beau plancher avait des marques de caoutchouc noir un peu partout à cause de ses satanées bottes. Ma femme ne lui a jamais pardonné. Bon, puisque nous étions copains, nous nous sommes toujours réconciliés.
C'est aussi lui qui m'a aidé à quitter mon travail de moniteur de ski pour me lancer à temps complet dans la branche du ski. Je ne le remercierai jamais assez pour cela.
Maintenant qu’il nous a quitté, il va terriblement nous manquer.
Adieu, Jean Pierre !