Quand il était petit, il avait presque saisit une vipère avec ses mains, croyant que c’était un trésor. Comme tous les enfants à l'époque, il aidait sa famille à travailler aux champs et tout autour de la maison.
Il était allé à Chamonix pour apprendre à devenir menuisier mais avait fini par devenir alpagiste et fromager ; je ne sais pas pourquoi il avait ainsi changé de métier.
Il avait fait son service militaire près de Mayence, en Allemagne, est une fois rentré à la maison, s’était marié à l’âge de 35 ans. Il avait acquit pas mal de biens immobiliers et construit notre maison familiale.
Il avait été mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, mais a été libéré quand la France a capitulé et a été maire de notre commune pendant les années difficiles que furent celles de la guerre.
C'était un travailleur acharné et une personne incroyablement intègre, de grandes qualités qu’il faut lui reconnaître. Au milieu des années 50, il avait construit le restaurant qui a sorti notre famille du besoin matériel.
Lui et ma mère ont eu une fille en 1938, puis peu de temps après un garçon et il a fallu un accident et sept ans plus tard pour que j’arrive sur la scène.
Mon père souriait rarement, s’emportait facilement, ne faisait confiance à personne et semblait être assez méprisant. Il ne m'a jamais, jamais, pris sur ses genoux, n’a jamais joué avec moi, ne m’a jamais rien dit de gentil ou essayé de m'apprendre quoi que ce soit. Je le craignais, et il me semble qu’il restait surtout indifférent à mon égard.
Mon père a donc pris soin de moi économiquement, mais n’était pas capable de le faire émotionnellement, je l'aimerai toujours et lui pardonne entièrement. Cela dit, selon ce que nous connaissons aujourd'hui, c'est presque comme si je n'avais pas eu de père...
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