Edmond Denis est décédé le 4 décembre 2021 à l’âge de 90 ans.
Edmond faisait partie d'une expédition française qui avait pour la première fois vaincu la face sud de l'Aconcagua au Chili, en 1954, et avait perdu ses orteils suites à des gelures subies lors de cette ascension.
Il faisait aussi partie d'un groupe d'alpinistes qui gravitaient autour de l'Hôtel de Paris à Chamonix qui avait été reprit par Louis Janin en 1958 et était littéralement devenu le « refuge » des amoureux de la montagne, étrangers à la vallée, en mal de logement, souvent visités aussi par les vedette du show business.En 1960, Edmond avait rencontré Jean Vuarnet qui venait de gagner sa médaille d’or aux J.O. de Squaw Valley, et comme Edmond était alors introduit dans le milieu du cinéma, il avait suggéré la production d'un documentaire sur la victoire de Vuarnet.
Ensemble, ils firent une tournée à travers la France pour présenter le film et c'est là que Jean Vuarnet avait proposé à Edmond Denis de le rejoindre dans le développement de la future station de ski d'Avoriaz, ce qu'il fit en 1960 quand il s'est inscrit à l'ESF de Morzine.
Peu de temps après, en 1963, Denis achetait une vieille maison sur place, dans laquelle il a vécu jusqu'à sa mort avec son épouse Kathy, une Suisse alémanique qu'il avait rencontrée en Angleterre lors d’un stage linguistique.
En 1966, la station de ski d'Avoriaz était enfin créée et Edmond Denis devenait le directeur de l'école de ski. Grand communicateur, Edmond faisait une forte impression sur tous les moniteurs de ski, qui tout comme moi, n'avaient pas ses talents d’orateur, son audace urbaine et son expérience d’alpiniste.
J'ai commencé à travailler à l'école de ski d'Avoriaz en 1969 et Edmond Denis m'avait fortement marqué par son comportement iconoclaste, son style de communication et sa vision qui consistait à sélectionner une équipe très jeune, très diversifiée pour son école dont beaucoup soient déjà étaient polyglottes, comptant de nombreuses femmes et même un moniteur noir !Plus tard, notre relation s'est détériorée lorsque la moitié de l'école a mis en cause son leadership, ce qui l'a amené à quitter l'école de ski et à travailler à l'ENSA, l'école nationale de ski et d’alpinisme à Chamonix.
Je l'ai revu plusieurs fois au cours ces dernières années, alors que je faisais du jogging près de chez lui, au moment où je rendais visite à ma famille, et je m'arrêtais toujours pour discuter longuement à propos de tout et de rien, de la branche du ski et de la vie en général.
Pour finir, Edmond aura eu une forte influence sur ma vie personnelle et professionnelle et fait partie de ces quelques individus que je ne suis pas près d’oublier...
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