lundi, mars 19, 2018

Ma carrière d'auto-stoppeur

Je suis en train de lire en ce moment même, un livre écrit par un de mes amis, relatant notre vie d'internat à l’École d'Horlogerie de Cluses. Cela a suffit pour réveiller des mémoires de jeunesse, et particulièrement tout l'auto-stop que j'ai pu faire à cette époque.

Cette école technique se trouvait à 30 km de chez moi, et presque chaque week-end, je comptais sur l'auto-stop pour rentrer à la maison, qu'il vente, pleuve, ou neige, et le plus souvent j’étais chez mes parents en une heure ou deux.

En étant très conservateur, je pense avoir parcouru plus de 4 000 km de cette façon. À l'exception d'un spectaculaire « tête-à-queue » à 80 km/h au beau milieu du village de Châtillon sur Cluse, et quelques frayeurs de temps à autres avec des chauffeurs qui cherchaient à m'impressionner, je m'en suis toujours bien tiré.  Je rentrais au « bahut » tous les lundis matins avec toute la sécurité qu'offrait le service de bus régulier.

Peu de temps après, ce fut l'armée. Encore une fois, l'auto-stop me permettait de gagner un temps fou sur les horaires peu pratiques des chemins de fer, étant donné que mon itinéraire était extrêmement haché et compliqué, car il n’était pas rare qu'il me soit nécessaire de monter dans au moins 10 véhicules différents pour atteindre ma destination.

Cette fois, j'ai dû parcourir plus de 10 000 km en comptant sur la générosité des automobilistes rencontrés au hasard. Malgré ce kilométrage impressionnant, je n'ai eu qu'un seul gros accident (un tonneau en plein milieu de la Nationale 7, près d'Orange, dans le Vaucluse, avec un petit trou sur la tête), j'ai échappé à des prédateurs sexuels, j'ai eu beaucoup chance avec des conducteurs saouls et téméraires sans compter une foule de gens bizarres ou lunatiques, et je suis toujours rentré à la maison en à peu près bon état.

Comme pour l'école, le retour vers la base aérienne se faisait par un train de nuit, à la fois plus fiable et toujours ponctuel. Dans les deux cas, le facteur décisif, pour ainsi dire, était l'uniforme que je devais porter, ce qui augmentait énormément mes chances d’être prit en pitié et d’être rapidement ramassée

Après avoir eu ma propre auto, j'ai cessé de faire de l'auto-stop, mais j'ai rechuté en juillet 1971, après un voyage interminable sur un paquebot italien en direction de l'Australie, où j'allais y enseigner le ski.
Un collègue et moi, avions décidé de quitter le bateau et de parcourir par une piste non goudronnée les quelques 2 718 km qui séparaient Perth d'Adélaïde à travers la plaine quasi-désertique du Nullarbor, pour y rejoindre notre navire et le matériel de toute l’école de ski laissé en soute. J'ai eu plus de chance que mon copain, suis arrivé à destination en ne montant que dans deux seuls véhicules et avec assez de temps pour revenir sur le paquebot avant qu'il ne reparte pour Melbourne.

C'était là l'apogée de ma carrière d'auto-stoppeur professionnel. Il n'allait guère me rester que deux occasions supplémentaires pour mettre mes talents à contribution ; celles-ci devaient se produire d'abord au Vermont en 1982, quand ma VW Passat diesel est tombée en panne sèche sur l'autoroute, ainsi qu'une seconde fois, pour la même raison, sur l'autostrada italienne au sud de Trente, en 1985, quand j'ai dû traverser deux fois cette autoroute surchargée, en pleine nuit, un bidon d'essence à la main.

Aujourd'hui, 17 000 km plus tard, je n'ai pas encore décidé si et quand j'allais reprendrais cette activité exaltante …

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