samedi, décembre 11, 2010

Politique et ski

Même si j'ai appris les rudiments du surf, je n'aime pas ça et si je suis capable aussi de faire du monoski, ça fait des années que je n'en ai pas fait. Pourquoi? Je n'ai pourtant rien contre tous ceux qui en font, j'arrive parfois à m'émerveiller devant ces traces allongées que laissent certains bon surfeurs en profonde, mais franchement, je ne les envie pas. D'abord, je pense qu'avoir une seule carre en contact avec la neige est clairement limitatif et reste loin d'être aussi amusant que d'en avoir deux constamment livrés à eux-mêmes, comme c'est le cas avec une paire de ski. Pour moi, c'est ce qui rend toute évolution sur neige un temps soit peu intéressante.

C'est bien ça; je suis convaincu qu'une seule carre sur la neige est beaucoup trop prévisible et empêche la montée d'adrénaline que je reçois avec deux. Je trouve cela beaucoup trop ennuyeux et je n'ai aucune envie de m'endormir sur place! J'ajouterai même que l'esprit de contradiction qui règne entre mes deux planches n'est jamais le même; en fait, il évolue au fil des ans. Par exemple, quand j'ai commencé le ski, mes spatules convergeaient la plupart du temps, elles imitaient l'étrave du chasse-neige. Tout cela ne veut pas dire que mes celles-ci s'entendaient bien; elles voulaient simplement rester proches l'une de l'autre et semblaient aimer s'observer mutuellement.

Aujourd'hui, s'il leur arrive de le faire encore parfois, c'est devenu beaucoup plus rare. La plupart du temps, mes skis ont tendance à diverger, comme certains vieux couples mariés qui recherchent leur propre « espace » et sont peut-être lassés de tant d'années de complicité. Pire encore, il y a des moments où ils ne semblent pas du tout s'entendre, ne sont pas vraiment capable d'aller ensemble, et s'ils tiennent une courbe, c'est tout simplement parce que l'un des deux a commencé. Un bon travail d'équipe ne fait peut-être pas partie de leurs valeurs profondes. Pour résumer le tout, l'un semble être constamment en bisbille avec l'autre. Je me demande bien pourquoi? Il est en effet rare qu'il travaillent à l'unisson et filent ensemble dans la même direction. Skier parallèle leur semble être un anathème et s'il leur arrive parfois d'aller « tout schuss » c'est parce que j'adore skier vite et quand ils le font, ils peuvent au moins s'ignorer.

C'est pourquoi je suis parfois tenté d'appeler mon ski gauche un socialiste et mon ski droit un conservateur. Ceci dit, comme en plus je suis naturellement gaucher, vous pourriez en tirer des conclusions prématurées. Au cas où cela devrai vous turlupiner, dites vous bien que le type qui se trouve en haut des deux skis doit alors jouer le rôle d'arbitre et ne peut pas être autre chose qu'indépendant pour que l'équipage fonctionne à peu près bien. Ainsi, me retrouver sur une planche unique, comme un snowboard ou un monoski me rappelle certains régimes totalitaires, des système à parti unique où toute dissidence n'est pas tolérée. Voici pourquoi en dépit de tous ces tiraillements entre mes deux skis, j'arrive à faire fonctionner cette cohabitation. Je skie depuis plus de cinq décennies et jusqu'à présent, mes deux skis ont toujours réussi à faire de bons compromis et à passer ensemble du même côté des sapins et autre arbres qui bordent nos pistes. J'espère juste que ça va continuer ...

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