Pour ceux d’entre nous (quelques privilégiés, je m’en rends compte) qui skient seuls, nous avons tous une façon bien à nous de passer la journée en montagne. Il se trouve que je fais partie de ceux-là, même si je ne skie avec les membres de ma famille qu’entre 20 et 30 pour cent de mon temps lorsque je ne suis pas seul. N’ayant jamais étudié les habitudes des skieurs solitaires, je ne peux parler que pour moi et c’est ce que je souhaite partager avec vous aujourd’hui.
Tout d’abord, n’oubliez pas que j’adore le ski de manière inconditionnelle. Sous tous les temps, type de neige, terrain et visibilité changeante, rien ne semble jamais m’arrêter. L’exception étant évidemment les skieurs en surnombre. Bon il y a aussi des limites quand un épais brouillard enveloppe tout, cela ne rend jamais mon expérience des plus confortables !
Pourtant, j’accepte l’ensemble des conditions qui me sont servies sur toute une longue saison, et il n’y a vraiment que quelques rares journées que je pourrais considérer comme franchement mauvaises. Ma façon de skier n’est pas vraiment structurée et m'emmène d'un endroit à l'autre d’un massif, sans grand plan général, mais qui prend juste en considération les conditions d’engorgement des lieux. J'ai juste quelques principes dont je ne déroge jamais.
Si une piste de ski est définie à partir d’une station supérieure de remontée mécanique et s’étend jusqu'au pied de celle-ci ou d'une autre que je compte reprendre, le parcours ainsi défini doit toujours se faire sans le moindre arrêt, l'exception à cette règle étant un arrêt-pipi impromptu. Le ski non-stop est crucial pour mon ski car il m'oblige à m'adapter et à improviser par rapport aux conditions toujours changeantes du terrain, des obstacles ou de la neige, et m'oblige à devenir encore plus instinctif dans ma façon de skier. Il n'y a pas de moment d'inactivité, tout se déroule bien comme si tout avait été chorégraphié avec peu d'événements aléatoires ou de hasards. C’est comme ça que j'aime skier.
Ensuite, je m'assure toujours de skier une piste très difficile ou une mauvaise neige, peu importe où je me trouve sur le domaine skiable, histoire de repousser mes limites et de tout faire pour continuer à m'améliorer techniquement. Comme je me trouve dans la dernière ligne droite de la vie et que mes virages à ski sont comptés, la règle finale est que je m’efforce de skier aussi vite que les conditions le permettent, tout en gardant un bon contrôle à tout moment, ce qui réduit mon champ d'action et m'oblige à rester concentré en permanence.
Il en résulte un rapport entre les temps de montée et de descente qui a tendance à me faire passer la plus grande portion de mon temps sur la remontée mécanique. Pendant cet énorme « temps mort », si je peux l’appeler ainsi, je cogite peu, à part débriefer mentalement ma dernière piste, tirer des conclusions qui pourraient valoir la peine d'être mémorisées et transférées dans ma banque d’expérience, et aussi décider où je ferai la prochaine descente, ce qui finit souvent par être un dilemme qui me tiraille beaucoup (embaras du choix...)
Lorsque des skieurs sont visibles, je les observe en essayant toujours d'apprendre quelque chose de leur façon de skier. Je cherche aussi de nouvelles lignes, de nouveaux passages à travers les arbres ou je scrute une crête pour voir s'il y a des skieurs et m'assurer de ne rien manquer de ce qui se passe autour de moi. Lorsque mes compagnons de remontée sont disposés à bavarder, j’entame volontiers avec eux une conversation que je trouve toujours agréable et souvent enrichissante.Lorsque je remonte seul, je me laisse imprégner des éléments naturels environnants et c’est un peu pour moi une forme supplémentaire de méditation. Ce dont j’ai horreur c’est de prendre des photos et de faire des vidéos en skiant. Je trouve cela compliqué et cela interrompt le « flot » de l’expérience. Bien entendu, je suis toujours ravi d’avoir les images et le métrage par la suite !
Ensuite, il y a le facteur temps. Je considère les moments passés sur les skis extrêmement précieux, c'est pourquoi je planifie toujours le nombre de sorties que je peux intégrer dans mon créneau de temps disponible et ne perds pas un seul instant à partir du moment où je me glisse dans les couloirs de la remontée mécanique et jusqu'à l'instant où mes pieds touchent à nouveau le sol à la guare supérieure.
Je suis un peu esclave de ma montre qui bas la mesure et gère mon activité tout au long de la sortie. Je connais le temps qu'il faut pour aller d'ici à là, tout comme lorsque j'étais moniteur de ski et soumis à la contrainte d'un cours d'une heure. Jusqu'au retour vers mon auto, il n'y a jamais de temps mort, tout se déroule comme si chaque instant était chorégraphié avec peu d'action laissées au hasard.
Voilà comme je skie.
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