Ma femme et moi vivons loin de nos familles et de nos vieux amis depuis plus de 47 ans. Par loin, nous entendons un continent à part, séparé par un océan. Toutes nos familles et amis étaient et sont toujours en France. Récemment, nous réfléchissions à la manière dont cet éloignement affecte nos liens et entraîne une mixture de bon et de mauvais.
Si on commence par le côté négatif, c’est la vérité absolue qu’en étant séparés, on se soucie beaucoup moins les uns des autres. Parlez du classique « Loin des yeux, loin du cœur » et de ses implications. Il est certain que le manque de contacts personnels fréquents affaiblit les liens et rend plus difficile le maintien de relations étroites, car la routine quotidienne, les petits événements, les épisodes familiaux, le bon et le mauvais, ou même les étapes importantes, sont trop souvent manqués.
Ensuite, il y a toutes les difficultés liées aux communications. Cela a été particulièrement difficile au cours de nos 20 premières années en Amérique avant Internet, car les communications téléphoniques étaient encore très coûteuses et le langage corporel et les interactions spontanées manquaient de nous donner une image complète de ce qui se passait. Les conflits, les malentendus ou les problèmes familiaux n'étaient pas non plus aidés par la distance. De plus, nos enfants ont beaucoup manqué de liens et d’interactions avec leurs grands-parents.Du côté positif, l’éloignement de nôtre famille nous a aidés à grandir de manière indépendante, nous permettant d’établir nos propres vies et identités. Vivre dans un pays différent a également été très enrichissant car cela nous a exposé à une culture différente, une autre langue et d'autres expériences, élargissant ainsi notre compréhension du monde. On dit que la distance peut rendre les cœurs plus affectueux, mais cela ne semble pas avoir été le cas avec nos familles respectives.
Enfin, la technologie actuelle comble en partie le fossé : Internet, les diverses applications et médias sociaux nous aident à rester connectés et à partager des expériences malgré la distance physique. Au-delà de cela, maintenir la vitalité de la relation demande beaucoup d’efforts et d’attention de la part de l’expatrié (c’est-à-dire de la nôtre) car le reste de la famille ne comprend pas ou ne ressent pas autant la séparation.
Bien sûr, les coûts de transport sont un obstacle supplémentaire ; nous avons toujours dû tout prendre en charge, et « l'autre partie prenante » pouvait rationaliser : « Nous n'avons pas pris la décision de déménager à l'étranger, donc cela n’a pas à être notre problème d'aller les voir … » C'est pourquoi je fais tout ce que je peux pour maintenir un contact régulier, avec des appels téléphoniques, des vidéos ou des messages en ligne pour rester connecté.
Le seul problème, c’est que beaucoup de membres de ma famille et d’amis de mon âge ne sont pas à l’aise avec la technologie, ou n’ont guère le réflexe de prendre le téléphone et de nous appeler. Cela a un impact énorme sur nos échanges. Il y a bien sûr des visites que nous faisons régulièrement malgré un manque flagrant de visites réciproques de nôtre famille et de la majorité de nos amis.
Alors, vous l’avez compris, à nous, expatriés de rester proactifs et de faire constamment l’effort d’entretenir les bonnes relations, malgré la distance …
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