lundi, juin 22, 2020

En voyage avec Monsieur Beyl

J'ai commencé à travailler pour les fixations de ski Look à l'automne 1974.

En novembre, j'avais dû assister à une réunion organisée par Monsieur Jean Beyl, fondateur et propriétaire de Look, avec Gérard Rubaud, qui, à l'époque, était le directeur des courses du groupe Rossignol / Dynastar.

Nous nous dirigions vers Tignes, près de Val d’Isère, une station de ski où les équipes de skieurs professionnels Rossignol et Dynastar s’entraînaient avant la saison d’hiver. Je ne connaissais pas encore très bien M. Beyl, sauf que je savais qu'il pouvait parfois se montrer quelque peu excentrique.

Notre réunion était à 450 km de Nevers, là où se trouvait l’usine Look, et cela prenait entre 7 et 8 heures pour arriver à destination. Il n’y avait pas encore d’autoroutes à l’époque. Je conduisais une Peugeot 304 de la société, une assez petite berline, et M. Beyl était mon passager. À l'époque, il conduisait un coupé Maserati Indy.

Je n'étais pas trop enthousiasmé de l'avoir pendant si longtemps à mes cotés. En fait, j'étais un peu inquiet d'être coincé seul avec mon grand patron dans un habitacle exigu. Dès que nous que nous sommes partis, il s’est mis à bidouiller les réglages du chauffage de la voiture sans pouvoir à aucun moment parvenir à trouver une température acceptable.

Cela a duré pendant tout le voyage. Il commentait également ma conduite en disant: « Vous auriez dû doubler cette voiture ... » ou « N’avez-vous pas abordé ce virage un peu trop vite ? » « Accélérez-donc ! » et encore et encore « Bon alors, ce sacré chauffage, ça marche pas ! »

Je commençais à peine à travailler dans l'entreprise et j'avais trouvé que cette expérience était une véritable torture d’initiation, mais nous ne nous sommes pas battus et sommes arrivés à Tignes vivants. Monsieur Beyl n’avait pas l’air trop en colère et je n'ai pas été viré de chez Look.

Il n'a cependant pas choisi de faire le voyage retour avec moi ; il n’était probablement pas trop impressionné par ma conduite et ne pouvait sans doute plus souffrir l’horrible chauffage de la petite 304 Peugeot !

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