Il y a deux jours, alors que nous descendions la piste de « Stein Way » comme des fous, afin de battre notre record de dénivelé à skis, j'étais intensément concentré sur ce que je faisais, sans pour autant prendre le temps d'avoir peur. Bien sûr, je n'étais pas sans ignorer qu'un déchaussage intempestif ou toute autre chute peuvent toujours se produire, mais je ne voulais pas que ces pensées négatives contaminent mon attitude. À certains moments, la visibilité était extrêmement mauvaise, surtout lorsqu'il nous fallait plonger dans le « mur » le plus raide du parcours; il nous était alors impossible de bien saisir la texture de la neige et nos pieds recevaient alors ce « signal à retardement » bien inquiétant car il délogeait les skis de leur solide appui sur carres et ceux-ci se mettaient soudainement à flotter de manière incontrôlée.
Au fil de la journée, le haut de la piste était devenue si polie par le passage répété des skieurs qu'il n'y avait aucun moyen de faire mordre les carres dans la surface et que chaque virage devenait une forme de dérapage pas trop bien contrôlé qui nous maintenait miraculeusement en suspens sur la surface bien lisse. Puis, il y avait bien évidemment les arbres, dont je me tenait le plus possible éloigné; j'ai appris depuis longtemps (et trois côtes cassées plus tard) que l'on ne gagne jamais contre ces obstacles et qu'il vaut mieux bien tenir ses distances.
Enfin, il y avait les skieurs et ceux-ci étaient de loin les plus difficiles à négocier. Quand on skie vite et que l'on doit doubler d'autres skieurs de tous cotés, il faut souvent « deviner » où leurs prochain virage les entrainera et ceci est bien loin d'être une science exacte. L'intuition et le hasard jouent un rôle énorme, c'est du moins ce que je crois. Les très bons skieurs présentent encore un plus de danger si vous skiez encore plus vite qu'eux, car ils sont absolument convaincus que personne ne va les dépasser et font souvent des tas de manœuvres difficiles à anticiper. Ce type de situation exige une concentration énorme et constante, au point que la tension mentale prend le dessus sur la fatigue physique. Comment cela peut-il être possible? Le lendemain, mon cerveau était bien moins raide que mes jambes ...
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