Lors de notre récent voyage au Japon, et plus particulièrement lorsque nous avons visité les vieux quartiers de Nara et de Kyoto, nous n'avons pu nous empêcher de remarquer le revêtement en bois des belles maisons d’époque dont le bois était spécialement traité et que je pourtant remarqué auparavant autour de ma vallée d'origine, tout autour de Morzine, en Haute-Savoie, en observant boiseries et bardages sur certains chalets neufs ou refaits.
Mes compatriotes appellent cela « bois brûlé ». Ma Savoie natale pourrait être l’un des rares endroits dans l'occident où cette technique japonaise est utilisée, car je n’en pas encore vu aux États-Unis. Le procédé, appelé « shou sugi ban », est une technique japonaise qui remonte à des siècles, et qui permet de conserver le bois en le carbonisant.
Selon un article que j'ai trouvé dans le New York Times, le traitement qui laisse derrière lui une couche noire dense et carbonisée existe depuis au moins le 18ème siècle, bien qu'il existe des exemples antérieurs à cette époque. Cela a commencé à être utilisé principalement pour les clôtures, les façades des maisons rurales et des entrepôts qui abritaient des produits vitaux tels que le riz, qu'il fallait protéger des incendies.
En effet, même si c'est difficile à croire, brûler la surface du bois le rend ignifuge. La combustion externe neutralise la cellulose que contient le bois. En fait, les termites, les champignons et les bactéries adorent la cellulose, et ce traitement rends le bois indésirable pour ces insectes et imputrescible car la couche de charbon qui en résulte est hydrophobe et prévient également les dommages créés par l'exposition solaire.
Selon certaines estimations, ce bois brûlé peut durer 80 ans ou plus ; cela dit, le temple bouddhiste Horyuji au Japon, situé dans la préfecture de Nara, dont la pagode à cinq étages est l’une des plus vieilles structures en bois au monde, dure toujours. Construite à l'origine en 607, la pagode a pris feu et a été reconstruite en 711 en utilisant le shou sugi ban.
Au Japon, ce processus s'appelle yakisugi, ce qui se traduit approximativement par « planche de cèdre brûlé ». Traditionnellement, trois planches sont attachées longitudinalement pour former un tunnel à section triangulaire. L'intérieur est ensuite brûlé et sa surface refroidie à l'eau.
En France, un nettoyage par eau sous pression fait suite à la carbonisation pour ôter les traces de charbon de bois. Je suis assez séduit par ce traitement, mais je trouve qu'il manque un peu de luminosité et de couleur dans son état naturel.
Mon frère, qui a fait refaire son chalet en bois brûlé il y a une dizaine d'années, adore le résultat et m'a simplement dit que le seul inconvénient était la présence de nombreuses échardes ; il faut donc éviter de trop le toucher ...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire