Je n’ai jamais vraiment compris que mon père était un vrai entrepreneur. Cela a prit du temps, mais c’était tellement vrai.
Très jeune, alors qu’il grandissait à Montriond, ce village isolé dans un coin perdu de Haute-Savoie, alors qu’il n’était encore qu’un petit garçon, son regard avait été attirée par un objet brillant, au sol, scintillant au soleil comme un trésor providentiel. Alors qu’il s’approchait pour le saisir le trésor s’est transformé en vipère qui lui échappa des doigts …
Plus tard, mon père est allé à Chamonix apprendre à travailler le bois, mais n’a pas continué, et au lieu de travailler pour les autres, a décidé de se mettre à son compte et à lancé sa propre fromagerie. Ce travail était difficile, ingrat et ne rapportait pas grand-chose. Mais cela le maintenait en activité, lui apprenait le négoce, l’art de l’achat et de la vente.
Bien sûr, il a construit lui-même sa propre maison familiale qui allait accueillir mes parents après leur mariage et dans laquelle ils aller passer leur vie entière. Pendant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande, personne ne voulait être maire d’un petit village frontalier avec la Suisse. Devinez donc qui s’est retrouve à la mairie ? Mon père, une fois de plus.
Chaque jour, il faisait de son mieux pour tromper les Allemands, faisait des faux papiers de tous cotés et guidait les Juifs fuyant les Nazis à travers les montagnes pour rejoindre la sécurité de la Suisse voisine.
Plus tard, en 1956, alors qu'il poursuivait son activité de fromager dans son village d’alpage des Lindarets, mon père vit les premiers touristes arriver sur une nouvelle route goudronnée. Un voisin venait juste de commencer à vendre des rafraîchissements aux villégiateurs et mon père était fasciné par les petites bouteilles de boissons gazeuses colorées qui étaient lui étaient livrées régulièrement. Il a donc décidé de faire de même et s'est mis à construire la première partie de ce qui allait devenir notre restaurant familial, et allait nous sortir ainsi d’une vie misérable.
Sa maladie d’entreprendre ne l’a jamais quitté ; à la fin de la soixantaine il a transformé sa maison en y ouvrant un petit hôtel familial pour les classes de neiges et les jeunes skieurs afin de mieux occuper la saison hivernale.
Non, mon père n'était pas quelqu’un de chaleureux et d’effusif avec sa femme et ses enfants, mais très peu d'entrepreneurs le sont. Il était concentré à fond sur son travail et ses projets, et je ne peux que respecter son chemin de vie tumultueux et lui en être très reconnaissant, car sans lui, je n’existerai pas.
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