mercredi, avril 18, 2007

Mal-aimés

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, mon père était maire d’un petit village de Haute-Savoie frontalier avec la Suisse. Cette région était occupée par les Allemands et mon père devait composer au quotidien avec la Wehrmacht sur un grand nombre de sujets allant des simples panneaux d’information, aux questions concernant la Résistance, la contrebande, ou le repérage des personnes devant se rendre dans les camps de travail en Allemagne.

En apparence, mon père était civil vis-à-vis des forces d’occupation et ne manquait jamais de leur dire ce qu’ils voulaient entendre. Naturellement les barrières linguistiques n’étaient pas là pour faciliter la communication. Ceci étant, dès que les Allemands avaient tourné le dos, mon père n’hésitait pas à risquer sa vie pour défaire tout ce qu’on lui avait ordonné, qu’il s’agisse de produire des faux papiers, de guider des Juifs dans les montagnes jusqu’en territoire Suisse ou de répondre à l’urgence du moment. Pour lui comme pour le reste de la population communale, l’ennemi était l’occupant.

En observant ce qui se passe en Irak aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de tirer un parallèle avec cette expérience. For chaque Iraquien, y compris les membres de la nouvelle police et de la nouvelle armée, les forces Américaines sont vues commes des forces d’occupation (détruisant tout sur leur passage, forçant des portes, ignorant la culture locale). Les Iraquiens ont vite realisé que le renversement de Saddam Hussein n’était qu’un prétexte et le désastre d’Abu Graib allait une fois pour toutes sceller les intentions des forces d’occupation. Ceux que l’on appelle insurgeants ou terroristes sont pour les Iraquiens des forces de résistance qui peuvent compter sur leur appui total.

De nombreux Iraquiens préferrent courrir le risque de mourrir dans une explosion d’origine sectaire plutôt que de voir les Etats-Unis gagner cette guerre. L’arabe est une langue tellement différente de l’américain que les communications s’en ressentent énormement; il n’existe du reste pas d’uniformes pour définir qui est ennemi et qui ne l’est pas. En fait if faut être incroyable naïfs pour penser que certains Iraquiens “aiments” leurs occupants ou sont prêts à les épauler; il semble du reste que dès que les forces Américaines s’impliquent, elles antagonisent instantannément la population. La formation des nouvelles forces de la police et de l’armée a du reste servi à développer des milices redoutables et les troupes Américaines sont aujourd’hui les témoins impuissants d’une situation en pleine dérive.

Les récentes manifestations à Najaf tout comme la plupart des sondages montrent que le souhait le plus cher des Iraquiens qui ne sont pas des Politiques, est de voir les forces U.S. déguerpir et cela le plus tôt possible.