Ayant grandi au fin fond d'une vallée escarpée de Haute-Savoie, j'ai toujours été conscient de ce qui pouvait se passer au-dessus de ma tête et j’ai toujours pensé que tout ce qui nous surplombait pouvait nous tomber dessus sans crier « gare ! »
Après les événements récents de Blatten, en Suisse, ou de La Bérarde, en France, l'an passé, une question logique se pose : existe-t-il d'autres villages alpins, ou ailleur en montagne, dans le monde entier, qui courent ce genre de risque ? Ces communautés sont naturellement vulnérables aux catastrophes en raison de leur situation dans des vallées profondes, au pied de pentes fortes et instables, et des conséquences croissantes du changement climatique.
D'une part, la fonte des glaciers déstabilise les pentes montagneuses, provoquant des glissements de terrain et des chutes de pierres, comme ce qui s'est produit en Italie lors de l'effondrement du glacier de la Marmolada en 2022. Le dégel du pergélisol a non seulement provoqué le glissement de terrain de Blatten, fragilisant les parois rocheuses, augmentant le risque d'effondrements massifs, mais il est également proche de ce qui s'est produit dans ce même pays lors du glissement de terrain du Piz Cengalo en 2017.
D'autres communes suisses comme Gondo, Randa et Saas-Balen sont également menacées par des glissements de terrain majeurs. Côté français, les villages du massif des Écrins (comme La Bérarde) et toute la vallée de Chamonix sont confrontés à des menaces de glaciers et de chutes de pierres. Sur le versant italien du Mont-Blanc, des communes comme Courmayeur et Valfurva, près du col du Stelvio, sont également fortement exposées à l'instabilité des glaciers.
En Autriche, Galtür est menacée par les avalanches et Heiligenblut par les inondations glaciaires. En Norvège, Longyearbyen (au Svalbard) est confrontée à des glissements de terrain dus à la fonte du pergélisol. En Amérique du Nord, le glissement de terrain du bras de Barry en Alaska menace, et Canmore (Alberta) est menacée par des éboulements. Dans l'Himalaya, de nombreux villages du Népal, de l'Inde (Uttarakhand) et du Bhoutan sont également confrontés à des débordements de lacs glaciaires.
Des catastrophes naturelles se produisent dans la montagne depuis des siècles. C'est ce qu'on appelle l'érosion. Dans ma ville natale, Montriond, son lac cristallin a été formé par l'effondrement massif du « Rocher de l'Échelle », une falaise calcaire culminant à 750 mètres plus haut, qui a obstrué la Dranse de Montriond, créant un barrage naturel de 200 mètres de haut, formant un lac de 1,4 km de long et 33 mètres de profondeur.
Cet incident remonterai a environ 500 à 550 ans. Au fil du temps, le lac a subi d'importantes variations de niveau entre le printemps et l'automne. Pour stabiliser son niveau d'eau, des travaux d'étanchéification ont été réalisés en 1990.
Dans la plupart des cas, tous ces villages ou lieux font la joie des touristes et dépendent du ski, de la randonnée et de l'alpinisme pour survivre. Lorsqu'une catastrophe survient, comme celle de Blatten, il n'est pas toujours possible de relocaliser des villages entiers. Lorsque c'est le cas, cela s'avère souvent coûteux et logistiquement complexe.
Avec la hausse des températures, les glaciers reculent plus rapidement et les courants-jets ont tendance à rester en place plus longtemps, ce qui entraîne des pluies et des chutes de neige extrêmes, causant des glissements de terrain, des inondations et des avalanches plus intenses. De nombreux villages de montagne du monde entier sont donc menacés, notamment ceux situés à proximité de glaciers, de falaises abruptes ou de pentes instables.
Si les mesures d'atténuation (comme les systèmes d'alerte précoce) sont utiles, certaines communautés devront rester pretes à déménager au dernier moment, sous peine de conséquences tragiques.