vendredi, mai 04, 2012

Comment perdre un débat présidentiel

Sarkozy était certain qu'il allait écraser Hollande, comme il avait écrasé Ségolène Royal cinq ans plus tôt, mais cette fois ça n'a pas marché; le charme n’était plus de la partie. En fait, le match nul qui en a résulté n'avait rien de charmant : c’était plutôt le résultat d'un manque flagrant de stratégie et d'approche disciplinée tout au long du débat.

Pendant des semaines, j'ai souvent pensé que les stratèges de Nicolas Sarkozy manquait leur cible et n'arrivaient pas - ou n'osaient pas - tenir vraiment compte de la colère profonde qu’éprouvaient la majorité des électeurs français envers leur président, ce dernier ayant amené cet antagonisme sur sa personne par un comportement trop souvent vulgaire et au coup-par-coup. Ses propres conseillers auraient du travailler à minimiser cette insatisfaction en vantant les qualités essentielles du candidat: pragmatisme, énergie sans limites, capacité de gouverner en temps de crise et sous pression, expérience gouvernementale bien étayée au cours des dix dernières années .

Durant le débat, M. Sarkozy aurait juste du attendre que M. Hollande lance ses flèches et y répondre en questionnant leur base, en démystifiant leur venin ou leur inexactitudes, en demeurent toujours très digne (pas d'injures) et en répétant sans cesse, que lui, Nicolas Sarkozy, avait toujours une énorme réserve d'énergie pour cinq ans de plus, avait largement été testé par la crise, et plus que Hollande, avait toute l'expérience gouvernementale dont le pays avait besoin.  En résumé, qu'il représentait une alternative parfaite et plus désirable.

Il se pourrait fort bien que les conseillers de Sarkozy aient recommandé cette stratégie à leur candidat, mais que compte-tenu de son désir de tout vouloir contrôler il n'en a pas tenu compte et a cru pouvoir écraser Hollande en suivant son instinct, en étant désagréable au lieu d’être en désaccord calculé et en faisant preuve de dignité et de sagesse. J'ai tendance à croire en cette dernière hypothèse si je me base sur la personnalité du président sortant.

En dépit de cette mauvaise performance, va t-il perdre l'élection? Peut-être pas, car la différence entre les deux candidats est susceptible de se resserrer fortement et en plus, les sondages français se sont révélés être un assez mauvais indicateur au premier tour. Ils pourraient à nouveau réserver quelques grosses surprises le soir du dépouillement. En tout cas, je prédis un sacré suspense ...

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