Depuis des décennies, je me demande comment expliquer que quand je skie en Utah au printemps, par temps relativement chaud (près de 10 à 15°C), la neige exposée au soleil me freine considérablement, mais que dès que je traverse une zone ombragée, l'accélération soit non seulement perceptible, mais impressionnante. Tout cela en comparaison avec des dates et des conditions similaires dans les Alpes ?
Ayant ces jours derniers rencontré ce genre de conditions, je me suis replongé sur cette question et j’ai découvert quelques éléments nouveaux. Si cela vous intéresse, continuez votre lecture … L'angle et l'intensité du soleil semblent en être la principale raison.
Dans les stations de ski du centre des Rocheuses, comme ici, à Park City, dans l'Utah, l'altitude plus élevée et l'air plus sec, comparé aux Alpes, signifient que les rayons du soleil sont plus intenses, surtout au printemps, lorsque l'angle du soleil est plus élevé. La latitude (plus basse dans les Rocheuses, 40 degrés Nord contre 46 degrés Nord dans les Alpes) accentue aussi cet effet. La filtration atmosphérique est également moindre, car l'air plus sec de l'Utah permet à davantage de rayons directs du soleil d'atteindre la surface de la neige.
Dans les Alpes, l'humidité et la couverture nuageuse sont souvent plus importantes, ce qui filtre une grande partie de l'énergie solaire. Les journées printanières en Utah connaissent souvent de fortes variations de température. Le soleil réchauffe rapidement la surface de la neige, la rendant humide et fondante. La nuit, ou dans les zones ombragées, la température baisse et la neige mouillée regèle. Cela crée une surface de neige très collante au soleil.
Comme je l'ai souvent expliqué, l'humidité de la neige est très faible en Utah. Un manteau neigeux plus sec, bien que fantastique en hiver, signifie qu'à la fonte printanière, la neige devient soudainement très humide, lourde et collante. C'est radicalement différent dans les Alpes, où la neige plus humide glisse bien et assez régulièrement au printemps. En fondant, la neige d'Utah a tendance à retenir l'eau davantage que la neige alpine, plus humide.
Cette humidité crée un effet de succion, ralentissant considérablement les skis et créant cette différence considérable avec le ski dans l’arc Alpin. Apparemment, un soleil intense peut aussi former une « croûte solaire » à la surface de la neige, qui peut être très lente lorsqu'elle est molle et collante, mais je n'en suis pas convaincu. Je devrais plutôt farter pour ces conditions chaudes et humides, mais c'est un tout autre sujet !
Une chose est certaine : la neige « gros-sel » du printemps dans les Rocheuses centrales n'est jamais très bonne et n’est pas du tout comparable pas à son équivalent dans les alpes ! Sans oublier les conditions réelles que nous connaissons tous, comme en skiant dans les zones ombragées où la neige reste plus froide et plus sèche, ou regèle, une glisse plus rapide réapparaît aussitôt. L'orientation de la piste joue également un rôle crucial dans le timing du réchauffement, et c'est là que les skieurs avertis savent comment « suivre le soleil » au printemps.
En résumé, un soleil intense sur un air sec et des cycles de fonte-gel rapides au printemps dans le Colorado et l'Utah créent des conditions de neiges uniques qui peuvent ralentir considérablement la progression dans les zones ensoleillées et accélérer tout autant dans les zones ombragées. Les Alpes, avec leur taux d'humidité plus élevé et leur ensoleillement moins intense, ont tendance à maintenir une neige plus homogène, même au printemps.
Comme vous pouvez le lire, rien de bien nouveau sous un soleil intense !