jeudi, février 04, 1999

Ré-inventer la promotion des sports d'hiver

Ceci est la suite des sujets qui avaient trait à la promotion des sports d'hiver (courses à skis et Jeux Olympiques). Alors que nous vivons dans un monde où tout change très vite, les institutions qui gèrent les sports hivernaux sont restées figées dans le passé. Bien qu'il semble que la popularité des sports d'hiver se maintienne dans les Alpes grâce à l'influx d'une forte clientèle d'Europe du Nord, il n'en est pas de même en Amérique où la génération de l'après-guerre, a maintenant mal aux reins et aux genoux, et préfère partir en croisière plutôt que de se "geler" en station. Les Jeux Olympiques restent donc la seule promotion viable pour les sports d'hiver en Amérique, mais ceux-ci n'entrent en scène que tous les quatre ans.

J'ai déjà évoqué le manque d'impact promotionel des courses à ski telles que nous les connaissons. Bien que mes vues puissent s'avérer fausses lorsque ces compétitions ont lieu en Autriche ou en Italie, ce n'est qu'une question de temps avant que l'engouement et le fanatisme observés dans ces pays diminue considérablement. À mon avis, une promotion efficace des sports d'hiver par la compétition devrait revêtir plusieurs aspects.

Le premier consisterait à recréer des mini-jeux Olympiques dans lesquels les spectateurs retrouveraient les activités hivernales qu'ils adorent: Le patinage, le ski (alpin et fond), le saut nordique, le surf, le télémark, la raquette, les glissades variées ou toute autre forme de sport de neige et glace imaginable.

Le second volet viserait une localisation plus judicieuse des compétitions. D'abord, à l'échelle continentale; je pense qu'il est essentiel que les athlètes résident dans le continent où ils participent aux compétitions. Régine Cavagnoud ou Jean-Luc Alphand sont par example d'illustres inconnus aux États-Unis. Le même doit être vrai de Johnny Moseley en Europe. En habitant sur le continent où ils évoluent, les athlètes deviendraient connus et optimiseraient leur valeur promotionelle.

Dans le cadre de ce nouveau concept, imaginez trois grands "circuits": Europe, Amérique et Asie, avec, dans chaque continent, une varieté d'athlètes qui y résideraient de manière quasi-permanente. Pour plus d'intérêt, ces athlètes devraient avoir des origines variées. Un Edgard Grospiron pourrait être basé en d'Asie, Pierrick Bourgeat en Amérique et Nikki Stone en Europe, par exemple. Une diversité en matière d'origine nationale ajouterait à l'impact que ces athlètes auraient auprès du grand public.

Le troisième volet viserait à réduire le nombre de manifestations et sites choisis sur la saison d'hiver. Au lieu d'avoir plusieurs courses par semaine comme cela est maintenant le cas, limitons la saison à six ou sept grandes manifestations d'une semaine chacune. Dans le cas du circuit Américain, nous pourrions avoir six ou sept "classiques" réparties parmi les stations de l'est et de l'ouest du Canada et des États-Unis. En Europe cela serait une ou deux stations en France, en Suisse, en Allemagne, en Autriche, Italie et Espagne. Imaginez maintenant le déroulement d'une de ces semaines de "Jeux Hivernaux": Les droits de télévision seraient vendus à des chaînes comme RTL, Berlusconi, Eurosport, ABC, CBS ou NBC.

Ainsi, pendant toute une semaine, les émissions de la chaîne seraient faites à partir de la station organisatrice. On expliquerait au public comment les gens vivent en montagne ou par quel procédé le reblochon est fabriqué. Pendant une semaine complète, on "vendrait" le style de vie montagnard et on donnerait envie aux spectateurs de venir visiter les lieux plutôt que de montrer à la dérobée de rares images d'Aspen ou de Morzine.

Le volet suivant consisterait à rendre ces compétitions hivernales beaucoup plus captivantes et mieux adaptées à l'ère du sport-spectacle. Du Lundi au Vendredi se dérouleraient des épreuves éliminatoires opposant les athlètes de calibre international aux gens du pays. Le meilleur moniteur du coin pourrait ainsi se mesurer à Stangassinger en slalom ou le meilleur "skieur libre" de la station pourrait faire la même chose avec les champions de la spécialité.

Cela nécessiterait peut-être une "recalibration" des épreuves qui pourraient alors devenir plus courtes, plus longues, plus difficiles ou plus spectaculaires afin de faire mieux mettre en valeur les différences entre participants. Quand tous les finalistes seraient ainsi selectionnés, cette grande fête des sports d'hiver finirait en crescendo le Samedi et le Dimanche, donnant lieu aux joutes finales qui seraient retransmises par télévision et seraient ainsi centrées sur quatre ou six athlètes par discipline, sélectionnés pendant la semaine. Bien entendu, les rencontres internationales entre les circuits Asiatiques, Américains et Européens pourraient avoir lieu chaque année dans une station choisie en alternance.

Dans cette formule, chacun y trouverait son compte: Les stations recevraient une couverture médiatique complète pendant toute une semaine, les spectateurs assisteraient à un spectacle extrêmement varié, intéressant et le plus souvent dans une ambiance survoltée, et les athlètes ne seraient désormais plus soumis à un calendrier infernal ainsi qu'à une routine insuportable...