Une partie de mon travail chez Look consistait à évaluer le rôle et l'efficacité de son important et coûteux service de course. Durant l'hiver 1974-1975, j'avais eu amplement le temps d'observer et de comprendre le fonctionnement du système en Europe, et je l'avais trouvé plutôt dispersé, désorganisé et assez inefficace. La pièce manquante de ce puzzle était le travail effectué en Amérique du Nord.
Vers la fin de la saison, je suis allé voir nos deux techniciens de compétition aux États-Unis et au Canada, respectivement Denys Liboz et Jean-Louis Villiot. Je les avais rencontrés l'automne précédent et j'avais vu Liboz à plusieurs reprises avec l'équipe américaine sur le circuit de la Coupe du monde de ski alpin. Cette fois, j'avais pris l'avion de Genève à New York JFK, puis j'avais sauté dans un avion TWA pour Reno, où Liboz était venu me chercher et m'avait emmené à Mt. Rose où se déroulaient les courses de la Spring Series.
J'étais impressionné par les deux mètres cinquante de neige restants à la station et j'ai compris la complexité et l'immensité de la tâche à laquelle Denys était confronté. Je me souviens avoir passé quelques jours autour du lac Tahoe.J'ai même skié. J'avais apporté mes vieilles chaussures Trappeur et les avait fait remplacer par une paire de Nordica Meteor flambant neuves que le regretté Tony Hedgecock, qui s’occupait du service course Nordica pour notre distributeur américain, m'avait offerte.
Plus tard, Liboz m'avait conduit à San Francisco et, en descendant la vallée, j'en avais profité pour m’acheter une paire de bottes de cowboy et un jean Levi's. J'ai ensuite pris l'avion pour Calgary, au Canada.
De là, je suis monté à Banff où j'avais rendez-vous avec Villiot. Je me souviens avoir vu mon tout premier orignal à moitié endormi sur le trottoir. Nous avions discuté de l'ampleur du travail de Jean-Louis et de notre budget limité pour le mener à bien, de l'immensité du pays et de la complexité d'être partout pour tout le monde en même temps. De Calgary, j'ai pris l'avion pour Montréal où j'avais rencontré Peter Kirby, notre distributeur canadien de Nordsport, un homme très sympa.
J'ai ensuite pris un vol pour New York La Guardia, où, je crois, mon ami Peter Juen était venu me chercher et m'avait conduit au bureau de Beconta à Elmsford (notre distributeur américain), où j'avais rencontré ses propriétaires, Jim Woolner et Karl Wallach.Tous deux m'avaient dit que Look gaspillait son argent dans un programme de compétition ruineux et que l'entreprise ferait mieux de développer de bons produits pour le grand public afin de freiner l'assaut de Salomon, qui émergeait comme un concurrent redoutable et difficile à battre. En tant que commerçants fixés sur le court terme, tous deux avaient probablement un argument qui les arrangeaient et ne se souciaient visiblement pas de préserver l'image de marque de l'entreprise en compétition.
Plus tard, une limousine me conduisait à mon vol Swissair à JFK, et alors que je rentrais à Genève j'étais plutôt ravis de mes nouvelles chaussures de ski et de ce que j’appris lors de ce voyage éclair, mais quand même assez confus quant à la marche à suivre pour obtenir le meilleur résultat possible pour mon employeur … .
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