Quand j'étais enfant et que je grandissais à Montriond. tout près de Morzine, en Haute-Savoie, le paranormal et la peur qu'il générait étaient aux premières loges de ma jeune vie. Il y avait deux mauvais acteurs, ou peut-être un seul, qui partageaient pour moi les noms inquiétants de « Servan » ou de « Chaufaton ».
Il s'agissait d’esprits malveillants qui hantaient la vie des villageois vivant dans ces vallées et ces villages alpins autant isolés que reculés, accomplissant toutes sortes et d'actes inexplicables et inquiétants qui, tels que mes parents me les présentaient, étaient plus diaboliques que malicieux et appelaient davantage à l’exorcisme qu'à tout autre autre remède.
Les histoires que j'entendais sur le chaufaton étaient qu’il « tressait la queue des juments ou trouvait le moyen de passer deux têtes de vache dans le même licol ».Une autre histoire, toujours de Montriond, ma ville d’origine, était celle d’un « homme qui se reposait sur son lit, et entendit sa jument, qui avait quitté l’écurie pour déambuler dans la cuisine créant une musique très mélodieuse avec ses grelots qu’il entendait de l’autre coté de la parois. L’homme n’avait jamais rien entendu d’aussi agréable et d’aussi musical.
Une fois le concert terminé, il se leva pour aller voir à la cuisine ce qui s’y passait, mais pas de jument ! Celle-ci était attachée dans l’écurie et mangeait tranquillement. Le chaufaton s’était joué de lui ! »
Une dernière histoire, toujours à Montriond, « le chaufaton, toujours invisible, s’amusa un jour à inspecter une série de « seillons » (seaux en bois) alignés. Le propriétaire, qui était dans la pièce, l’entendit déclarer devant chaque ustensile de bois : « Celui-ci est propre, celui-là ne l’est pas. » Au bout d'un moment, irrité par les commentaires, l'homme baissa son pantalon et tourna son postérieur là où venait la voix, en s'exclamant : "Et celui-là, il est propre ?" Le chaufaton répondit en frappant un bon coup sur les fesses du malheureux avec la pelle à fumier.
Au milieu des années 60 et au début des années 70, avec l'essor du tourisme et de la modernité, le chaufaton entra progressivement en hibernation éternelle. Ma puberté et mon adolescence chassèrent les peurs qui m’habitaient pour toujours et toutes ces légendes firent partie du passé... jusqu'à ce que je les ressorte aujourd’hui !
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