Quand j'étais moniteur de ski au début des années 70, j'avais lu les bouquins écrits par Georges Joubert sur l'enseignement du ski, d'abord parce que j'étais curieux et que je voulais parfaire mes connaissances, et aussi parce que certains d'entre eux avaient été traduits en américain et que j'avais trouvé dans ce genre de lecture le vocabulaire dont j'avais besoin pour enseigner le ski à mes étudiants anglophones.
Du même coup, j'ai approfondir la philosophie de Joubert en matière de pédagogie du ski qui découlait essentiellement des observations qu'il avait fait auprès des coureurs de haut niveau.
Parce que je tenais toujours à aller au fond des choses, j'avais essayé de tester et d'appliquer les théories de cet entraîneur universitaire sur mes éleves et j'ai rapidement compris que si celles-ci semblaient bonnes en théorie, elles restaient particulièrement difficiles à mettre en pratique et je revenais assez vite aux méthodes éprouvées que recommandait l’École Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA), sans comprendre cependant pourquoi la méthode Joubert ne semblait pas donner les résultats attendus...
Il y a quelques jours, j'étais dans le téléphérique de Snowbird et j’écoutais une conversation entre ce qui semblaient être deux moniteurs de ski assez âgés. Ils parlaient de pressurisation des skis, d'angles de prises de carres et d'autres aspects technique par rapport aux mauvaises conditions de neige de printemps présentes ce jour là.
C'est à ce moment précis que j'ai ressentis un déclic et que toutes les théories pédagogiques, quelles soient de l'ENSA, de Joubert ou de l'association des moniteurs américains, étaient principalement statiques et laissaient peu de place au rôle critique que jouent la vitesse et les forces d'inertie sur un sport de la gravité comme le ski.
Les théories de Joubert ne peuvent pas s'appliquer à des skieurs intermédiaires car ils ne sont guère capables de produire et d’être à l'aise avec la vitesse requise pour exécuter des manœuvres comme la fameuse « trace large » ou « braquage » comme les prescrivait alors Georges Joubert. Même chose avec le ski de printemps en conditions détériorées où la vitesse devient l’élément moteur capital, effaçant en grande partie les dosages de carres ou les appuis.
L'équilibre est alors l'autre ingrédient essentiel qui s'allie avec la vitesse ou les forces d'inertie pour produire des changements de direction coulés et efficaces. Ces aspects essentiels du sport sont pourtant largement ignorés les diverses méthodes d'enseignement du ski et, je dois admettre, que ce sont là des phénomènes que j'ai découvert tard dans ma vie après une centaines de jours de ski et entre 450 et 500 000 mètres de dénivelé chaque saison depuis maintenant 13 ans...
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