vendredi, mai 03, 2024

La tyrannie du dénivelé à ski …

Ces dernières années, et avec la vulgarisation d’applis pour les stations de ski, le dénivelé est devenu le nouveau Graal pour de nombreux skieurs. Ce n’est plus « T’as vu comme je bien resté dans l’axe du champ de bosses ? » ou « J'ai pris de la ‘peuf’ en pleine gueule tout le matin ... », mais plutôt « J’ai enregistré 8 357 mètres de dénivelé aujourd'hui ! » 

A tel point que certains skieurs que je connais très très bien prendront certains jours de sérieux risques pour atteindre leur dose quotidienne de dénivelé. Cela pourrait être dangereux, non ? Ensuite, il existe d’énormes différences entre vertical et vertical. Oui, tout dépend de ce que l’on skie. Terrain, qualité de la neige, préparation ou traces croisées, neige profonde, etc. 

Par exemple, quand je fais deux pistes sur Thaynes sans arrêt, une piste raide que j’adore à Park City (dénivele 260 mètres) dans des conditions de neige difficiles et irrégulières, vaut au moins 10 fois la piste d’Apex sans s’arrêter (dénivelé 543 mètres) sur le versant Canyon de la station, mais sur une piste parfaitement damée. C’est plus de 10 fois la verticale totale nominale. 

Cela signifie que la prochaine fois que quelqu'un vous dira « J'ai skié 7 500 mètres sur telle ou telle piste bien damée », vous pourrez facilement diviser ce nombre par 10 ou plus pour égaler le travail que cela représenterait sur un terrain en mauvaise neige, beaucoup plus accidenté et plus raide. 

Enfin, il y a les « Snobs du dénivelé ». Laissez-moi d’abord vous expliquer ; un jour, cet hiver, je suis resté coincé pendant une heure sur un télésiège en panne avec 5 autres passagers. 

Ma voisine était une femme d'une cinquantaine d'années qui non seulement se plaignait d'être coincée à 8 mètres de hauteur, mais que Park City était une station de ski minable qui n'offrait que 945 mètres de dénivelé, comparé à Whistler-Blackcomb (1 600 m.), Jackson Hole (1 260 m.), Snowmass at Aspen (1 343 m.) ou encore Telluride (1 172 m.). J’ai essayé de lui dire que le bon ski n’a en fait rien à avoir avec des dénivelés impressionnants, mais elle n’a rien voulu entendre. 

Bien sûr, Whistler et son dénivelé record n'offrent souvent que de la pluie au pied des pistes alors que la bonne neige ne se trouve qu'au sommet, mais cela ne lui a pas fait changer d'avis. C'est vrai, trop se concentrer sur le dénivelé des stations lointaines finit toujours par faire oublier le grand ski disponible à portée de main ...

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