mardi, novembre 04, 2008

Une règle archaïque

Aujourd'hui est jour d'élection en Amérique, et alors que nous avons déjà voté il y a plus d'une semaine, notre vote pour Obama ne comptera pas en Utah. Cette règle idiote a vu le jour quand ce pays fut fondé. La Convention constitutionnelle créait alors le collège électoral comme un compromis pour apaiser les états esclavagistes du sud-est, moins peuplés, pour gagner leur soutien à la nouvelle Constitution. Les États du Sud craignaient en effet qu'un président élu par la population toute entière, et particulièrement les régions plus peuplées du nord, ne manquerait pas de s’opposer à l'esclavage. En créant un groupe d’électeurs « indépendants » de la populace, la Convention espérait isoler la présidence des sentiments populaires les plus prévalent, évitant à la fois le populisme et la domination régionale de la présidence. Les temps ont changé ; le collège électoral n'est plus, comme à l’origine, cet organe indépendant composé « d’hommes d'élite intellectuels et moraux. » La plupart des Américains n'ont du reste aucune idée qui sont ces grands électeurs. Le Président n'est plus non plus isolé de l'opinion publique ; c'est du reste le public qui l’élit bien que cela soit fait de manière injuste et discriminatoire. Chaque Etat se voit attribuer un nombre de grands électeurs égal au total de ses représentants et de ses deux sénateurs. Alors que les districts de la chambre des représentants sont en théorie représentatifs de la population, cette approche manque de précision ; de plus comme chaque district a une population qui ne cesse de changer, et que chaque état a exactement deux sénateurs, il n'y a pas deux Etats en Amérique où le vote de ces grands électeurs corresponde parfaitement au vote populaire. La Cour suprême a statué à plusieurs reprises que cette approximation est fondamentalement discriminatoire et contraire à l'esprit de la Constitution, mais celle-ci n'a pas le pouvoir d'appliquer son opinion à l'échelle nationale. L'inégalité créée par le collège électoral et l'injustice qui en résulte est une loi anticonstitutionnelle qui ne peut être changée qu’en amendant la Constitution, action qui n’est pas du ressort de cette même Cour, mais du congrès. Cette solution au demeurant facile, permettrait l'élection directe du Président. Logistiquement, il n'y aura pas de changements fondamentaux à faire ; les votes populaires seraient alors comptés pour déterminer l'attribution des voix électorales. Il est donc temps d’éliminer les « grands électeurs, » vestige d'une ère révolue et de les reléguer enfin dans les pages de l'histoire avec les discriminations sexuelles et raciale.

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